PROPHETIES
" Mais l'Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s'attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons".
(1 Tim 4/1-2)
Chamanisme
Dans les sociétés traditionnelles d'Asie, d'Afrique, d'Amérique, d'Océanie, Sibérie les chamans sont considérés comme des sorciers, des voyants, et même des guérisseurs.
Ce qui est impressionnant, c’est que les sociétés primitives ont toutes une pratique chamanique quasi identique, sans pour autant avoir eu de contact entre elles.
Le chaman a la capacité d’entrer en contact avec les esprits des ancêtres, qui étaient eux-mêmes le relais des messages transmis par les Dieux et les esprits de la Nature. On s’adressait à eux pour obtenir des bénédictions favorables (guérisons, fécondité, une météo favorable) et pouvoir espérer prospérer grâce à leurs faveurs.
Pour ces raisons, les chamans étaient au centre des sociétés archaïques de chasseurs cueilleurs depuis des millénaires, et c'est à partir de l'ère chrétienne qu'on a vu peu à peu ces pratiques disparaître.
Cérémonie chamane dans une tribu amazonienne
Persécution chrétienne
Les croyances chrétiennes ont largement contribué à faire disparaître la pratique chamanique, mais pas seulement (ère industrielle, colonisation des terres, athéisme...)
Les prêtres catholiques espagnols trouvèrent aux premiers temps de la colonisation des indiens admettant librement se trouver sous l'influence d'esprits les incitant à la guerre, au cannibalisme ou à l'ivresse. Les prêtres y voyaient là la description fidèle de culte rendus aux anges déchus.
Au début du XIVe siècle en Mongolie, les moines franciscains "trouvaient tout naturel de chasser les démons d'un être possédé comme ils chasseraient un chien d'une maison". Ils s'emparaient des "idoles" (onguon ou poupées esprits) du possédé et les jetaient au feu. Mais les idoles sortaient hors des flammes...
"En conséquence, les frères aspergèrent le feu d'eau bénite. Le démon s'échappe du feu et les idoles se consument. Alors, du haut des airs, le démon hurle "Voyez, voyez comme on m'a chassé de chez moi !"
Au début du siècle, avec les progrès de la psychanalyse a contribué fortement à l'oubli du chamanisme : les chamanes étaient vus comme des malades mentaux ou des névrosés.
Borogaz écrit en 1910 "beaucoup sont hystériques et quelques uns à moitié fous. Le chamanisme est une forme de religion créée par une sélection des individus les plus nerveusement instables."
Ksenofontov publia en 1929 "Culte de la folie dans le chamanisme..." et affirmait "il est tout à fait impossible à un être sain d'esprit de devenir chamane."
Devereux, psychanalyste et anthropologue, soutenait que les chamanes mohaves étaient fous "folie acquise en rêvant d'un Dieu fou".
D'une manière générale, la pensée rationaliste moderne a évincé toutes les croyances religieuses jugées superstitieuses.
Le mot shaman, chamane,
saman
Il apparaîtrait pour la première fois en 1672 dans l'autobiographie d'Avvakoum Petrovitch, dirigeant du clergé conservateur russe, exilé en Sibérie en 1661 par le Tsar Alexis Ier.
Il raconte :
« Il obligea un indigène à faire le šaman [chamane], c'est-à-dire le devin : l'expédition sera-t-elle heureuse, et reviendront-ils victorieux ?
Ce manant de magicien, près de ma cabane, amena sur le soir un bélier vivant et se mit à pratiquer sur lui sa magie. Après l'avoir tourné et retourné, il lui tordit le cou et rejeta la tête au loin.
Puis il commença à sauter et danser et à appeler les démons. Enfin, avec de grands cris, il se jeta à terre, et l'écume sortit de sa bouche. Les démons le pressaient, et il leur demandait :
« L'expédition réussira-t-elle ? »
Et les démons dirent : « Avec grande victoire… » (…)
J'eus pitié d'eux : mon âme voyait qu'ils seraient massacrés…
Sa troupe a été massacrée… »
(Avvakum Petrovitch, La vie de l'archi-prêtre Avvakum écrite par lui-même, 1672, trad. du russe Pierre Pascal, Gallimard, 1938).
Femme en transe, la langue percée par un trident,
(2013), Inde
En général, on ne ressent pas ou peu les douleurs pendant la transe
Rituels chamans
Traditionnellement dans les rituels, on retrouve un élément à percussion (tambour, crécelle, cloches, grelots) pour alerter et convier les esprits.
La musique répétitive aide le chaman à rentrer en transe, ainsi que l'échauffement collectif lié à la foule, la danse rotative, la drogue, et la fatigue... Il faut en général plusieurs heures au chaman pour arriver au point culminant de sa transe, traduite par une immobilité et une rigidité corporelle.
Des parties d’animaux et des objets (châles, cordes, bougies, miroir...) font partie prenante des rituels.
Fabriquer un tambour est un acte sacré pour le chaman, car il lui confère la puissance de son âme.
Le chaman effectue des voyages vers l’autre monde :
l’au-delà, le lieu des esprits, au court duquel l’âme se sépare du corps.
Les esprits mettent les chamans en garde par des rêves ou des signes, donnent leurs conseils, demandent des rituels, menacent parfois. C’est au chaman ou sorcier que revient de décrypter le
message ou les « signes ».
Ils pratiquent aussi des exorcismes, baptêmes, mariages, cérémonies de conjurations d’esprits, bénédiction de champs pour les récoltes et du bétail…
Femme en transe dans un rituel indonésien. Ce rituel s'effectue sur plusieurs jours, avec sacrifices de poulets, des scarifications, des chants psalmodiés jours et nuits, les femmes dansent jusqu'à entrer en état de possession et de démence pendant lesquelles elles marchent sur des objets tranchants ou des braises sans se blesser, s'assoient sur une lance, se blessent pour se recouvrir le visage de sang...
Guérisons chamaniques
C’est la principale activité des chamans. Pour établir un diagnostic, le chaman se met en transe. Il voit alors la cause et élabore son remède.
Les chamans expliquent que la majeure partie des troubles physiques sont dus à la présence de mauvais esprits dans le corps du patient.
D’abord, il doit savoir ce qui a affaiblit le patient au point de permettre aux mauvais esprits de pénétrer dans le corps : il peut avoir enfreint un tabou (commis de mauvais actes) ou être victime de magie noire pratiqué par des proches malveillants, des sorciers, des mages.
Le chaman fait en effet l'expérience de nombreux combats contre les esprits, il peut être soumis à la tentation devoir jeûner ou même refuser les avances de séduisantes femmes esprits.
Il doit ensuite déterminer la valeur morale de ces épreuves.
Les esprits sont pour autant jamais vraiment bons car toujours capricieux ou irritables.
Une chamane Matzatèque "Maria" consulte avec l'aide de champignons hallucinogènes :
"ça va pour moi?" dit le malade, un enfant qui a aussi pris des champignons
"Tu n'as pas de chance" répond Maria
"C'est bien mon avis"
Maria change de voix, ce sont "les champignons" qui parlent :
"Il n'a pas une maladie habituelle" puis et ils ajoutent que son double animal serait mort.
Maria dit : "Pas de remède"
Maria : "C'est un saint homme dit le champignon, une sainte femme, dit le champignon, c'est vrai, c'est bien vrai.
Je suis une femme qui attend, une femme qui tente, dit le champignon, et c'est ce que dit Jésus"
Le malade : "Alors c'est vrai ?"
Maria "Oui, c'est ce que dit Jésus"
Le malade : "Aïe ! Que va t-il se passer ? n'y a t-il pas de remède dont ma vision m'accordera une miette ?"
Il mourra les semaines qui suivent.
Les maladies d’ordre psychiatrique et les troubles de la conscience sont interprétés par la perte de l’âme : elle a été volée ou enlevée. Le chaman part alors à sa recherche dans l’autre monde, prends des risques dans un monde peuplé de démons et d'esprits et la ramène.
Ces esprits sont identifiés, jaugés, puis chassés du corps par des rituels. Le chaman peut aussi opérer des chirurgies : plonger ses mains dans le corps astral du patient, et en retirer l’entité qui le rendait malade.
Transe de la Kali aux Cobras,
dans un rituel Titayattam
(2001) Jonathan Watts
Le serpent est un élément récurant et puissant dans les pratiques chamanes.
Les esprits et le chaman
L’esprit protecteur du chaman est en général l’esprit défunt d’un de ses prédécesseurs, dont il reprend la fonction. D’autres esprits auxiliaires peuvent êtres pris en renfort comme messagers et compagnons de lutte.
L’esprit protecteur du chaman est découvert ou acquis lors d’une initiation : une sorte de transfert de force.
Un chamane esquimau du Groenland avait tenté une initiation avec deux fillettes, l'une d'elles raconte :
"Je tremblais de peur, on entendait des esprits auxiliaires qui grondaient sur le toit. C'était bizarre, nous ne pouvions comprendre. "Voici Amarsinojoq" dit-il, et la maison s'emplit de mouvement. Nous ne soufflions mot - je tremblait de peur et j'avais l'impression qu'on m'arrachait la peau en commençant par la tête. Nous ne pouvions rien dire, nous étions si effrayées."
Initiation d'une chamane Saora en pleurs à cause des visions qu'elle subit. Les Saoras (Inde) sont très attachés aux esprits chamaniques, si bien que les Saoras chrétiens voient Jésus comme un esprit puissant et supérieur, mais continuent de croire tout de même en l'existence des esprits traditionnels.
L'initiation fait sortir cette force de l’intérieur de lui-même : le chaman doit alors prendre le dessus sur elles pour en prendre le contrôle. Ensuite il peut les maîtriser, les canaliser, les ramener vers lui ou les chasser à volonté.
Parfois ce combat intérieur se passe mal et le chaman devient fou.
Tous les chamanes ne maîtrisent pas ces esprits, soit par faiblesse, soit parce qu'ils ne le souhaitent pas et préfèrent former une alliance. Ainsi influencés, ils peuvent se travestir, (par exemple les berdaches ou Nadle chez les Navajos) car le "mariage" avec l'esprit induit une puissante identification avec lui.
L’esprit apparaît souvent sous la forme d’un animal, c’est l’incarnation de la force chamanique. Les animaux et les hommes peuvent prendre la forme l’un de l’autre (voyage astral). Le chaman se construit mentalement un double animal avec lequel il pourra combattre les esprits en astral.
Le Sioux cerf boiteux raconte son initiation : "J'étais seul au sommet de la colline (...) Je percevais une voix qui voulait entrer en communication avec moi... c'était le cri d'un oiseau. J'entendis aussi le cri d'une voix humaine, bizarre et haut perchée, une voix qui ne pouvait pas émaner d'un être ordinaire... Je fus d'un coup transporté dans les airs parmi les oiseaux. Je pouvais baisser les yeux vers les étoiles et voir la Lune proche à ma gauche. Une voix me disait : "Nous sommes le peuple des oiseaux, le peuple des ailés, les chouettes et les aigles. Nous sommes une nation et tu seras notre frère."
Le chaman calme les esprits, gagne leurs faveurs, ou au contraire s’en défend car ces esprits capricieux peuvent délibérément s'en prendre aux hommes.
Un chaman Inuit raconte "L'Esprit, le Tonrar, notre esprit tutélaire, notre esprit familier cherche à se rapprocher de nous; il est impatient, sa voix est confuse, il veut parler, il parle comme un ventriloque d'une voix sourde, on le sent souffrant dans son expression malaisée. Et il vous donne des ordres. Cet esprit est irritable, il est fantasque. C'est difficile de toujours le suivre, il faut être habile, le courtiser (...) il aime ma joie de vivre (...). Il aime à ce que je participe à l'allégresse de l'air, des plantes, des animaux. Le Qiivitoq, le Toupilak, eux, ont des visages tristes, amers. Ce sont des esprits mauvais, ils peuvent nous détruire."
Le pouvoir des esprits permet au chaman de retrouver ce qui est perdu (objets, animaux, humains) de voir le passé, le présent et l’avenir, d’interpréter les rêves et les signes annonciateurs, car la conscience de ces esprits se fondent avec la conscience du chamane.
Le pouvoir des esprits reste tout de même insaisissable et toujours extérieur au chamane : difficile à acquérir et facile à perdre. Le chamane perçoit continuellement les esprits quoique cachés car sa vue est ouverte au monde des esprits.
Les esprits demandent à être "utilisés", leur force peut en effet faire souffrir le chaman :
Piers Vitebsky raconte comment une chamane evenk de Sibérie tomba malade. Pour se soigner, elle posa sa langue sur un morceau de fer rougi au feu et le fer siffla en refroidissant. La chamane déclara avoir l'âme apaisée. Elle plongea alors dans un sommeil profond et se réveilla le lendemain en pleine forme.
Bien que n'étant pas chamane, son fils éprouve parfois le même besoin.
transe lors d'un rituel.
Les rites vaudous sont chamaniques : invoquer les esprits défunts ou de déités, sacrifices, etc.
Le rituel de la transe vaudou procède par des invocations et des danses des esprits au rythme des tambours.
Le voyage astral du chaman
Le chaman peut sortir de son corps, qui est alors pénétré (possédé) par son esprit protecteur ou par des d’autres esprits aux forces surnaturelles. Ce rite comporte des dangers car il est déjà arrivé que des chamans perdent eux-mêmes la raison.
Chez les Mongols, on pensait que les chamans enfourchaient leur tambour pour se déplacer dans les airs, en analogie aux "sorcières" européennes.
Les traditions chamaniques sibériennes racontent l'histoire des "Célestes", vivant dans les installations de fers et occupés à regarder les "Terrestres", et notamment les femmes occupées à leur travaux domestiques.
Un céleste dit à son fils "Descend dans le monde intermédiaire et rapporte t'en une épouse !" Le fils s'exécuta et revint en tirant une femme par les cheveux. Le chamane leur apparu, bien décidé à sauver l'âme de la jeune malheureuse, qui sur terre, était en train de mourir. Par sa volonté, le chaman se transforma en taureau-licorne fit voler en éclat les installations de fer où elle était enfermée et repartit avec elle.
Ces mêmes traditions sibériennes relatent aussi des histoires de chamans moins chanceux accueillis par des bâtons enflammés et relégués rapidement sur terre.
Transe chamanique au Tibet
Le néo chamanisme : ouvrir ses "chakras"
L’expérience chamanique permettrait d’ouvrir des domaines de perception complètement nouveaux. C’est ce qu’on retrouve dans les nouvelles initiations New Age d'inspiration chamanique qui permettent d’ouvrir les chakras.
Le néo chamanisme d’aujourd’hui n’est pas forcément conforme avec les rituels d’origine des chamans, comme la musique techno, l'acide house rave pour entrer en transe qui sont des créations de notre époque.
Il existe aujourd'hui des ateliers d'initiations au chamanisme qui utilisent un "mélange des genres" et s'inspire de diverses cultures chamaniques.
Actuellement, il existe plusieurs manières initiatiques d’arriver à ce même état d’ouverture ou de modification de conscience qui permet aux esprits de communiquer ou d'agir à travers quelqu'un.
Les chamanes et l'esprit des morts :
Les traditions chamanes prétendent communiquer avec les esprits de leur ancêtres sensés leur apporter de l'aide.
La Bible assure que recourir au monde des morts à des fins divinatoires n'est pas impossible, mais vain :
« Les morts ne savent rien du tout. Il n’y a pas plus pour eux de rétribution puisque leur souvenir est oublié. Leur amour, leur haine, leur jalousie ont péri, et ils ont n’auront plus jamais part à tout ce qui se fait sous le soleil. »
(Ecclésiaste 9, 5-6)
L'église enseigne que les âmes gardent une conscience individuelle après la mort : les mauvais vont en enfer, les meilleurs vers Dieu et pour la majorité d’entre elles, un temps adapté passé au purgatoire purifie les âmes qui doivent revenir à Dieu.
Ce sont les âmes du purgatoire auprès desquelles les mystiques catholiques intercèdent, quand ils les voient leur demander de l'aide, des prières...
Jamais les âmes du purgatoire n'apportent d'aide aux mystiques de l'église.
Prophéties par Chamanisme :
Sources :
"Les chamanes, le grand voyage de l'âme, forces magiques, extases et guérisons" Piers Vitebsky
(un ouvrage très complet sur les pratiques chamanes des origines jusqu'à aujourd'hui)
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