Sainte Françoise Romaine


Saint Françoise Romaine, bien qu’ayant prophétisé nombre de chose durant sa vie, n’a fait aucune prophétie sur notre temps.

Nous citerons ici le "Traité sur l'enfer", issu de ses visions.

 

Françoise Bussa de Leoni est née à Rome en 1384 et elle est morte en 1440 en Italie.

 

Pendant son enfance, elle commença à étudier la vie des saintes, et à fréquenter les églises.

 

Sa mère lui donna comme directeur spirituel Dom Antonio di Monte Savello, bénédictin, de Santa Maria Nuova, et Françoise lui obéit totalement.

 

La petite fille souhaitait depuis toujours se retirer dans un cloître, mais à 12 ans, elle dut, sur l'ordre de son père, épouser Lorenzo Ponziani, jeune homme riche et de haute naissance.

 

Ils formèrent un ménage heureux, amoureux et paisible pendant 40 ans.

Pour le public, elle était une merveilleuse maîtresse de maison et une grande dame dans ses réceptions.

 

Mais elle réservait à Dieu ses conversations les plus longues, dans le petit oratoire au fond de son jardin.

" Pour être née dans l'opulence, une femme du monde n'en est pas moins obligée de suivre les maximes de l'Evangile."

 

Elle acceptait avec une joie paisible les charges d'épouse et de mère de famille.

 

Le sacrement de mariage ayant été établi de Dieu pour peupler le ciel par la naissance des enfants sur la terre, cette fidèle épouse pria Notre Seigneur de lui en pouvoir donner.

 

Son premier enfant, Jean-Baptiste naquit en 1400.

 

En 1409, dans l'anarchie romaine, entraînée par le Grand Schisme pour avoir défendu la cause de l’Église, Lorenzo fut frappé d'un coup de poignard dont il ne mourut pas.

 

Quelque temps plus tard, il fut enfermé et l'on demanda que Françoise livrât son fils aîné en otage.

 

Ne pouvant refuser, elle porta Jean-Baptiste au Capitole et se retira dans une église.

 

Là, prosternée devant l'image de la Vierge, elle entendit :

« Ne crains rien, Je suis ici pour te protéger ».

 

Sur la place, le ravisseur avait chargé l'enfant sur son cheval mais, comme le cheval refusait obstinément d'avancer, on rapporta l'enfant à sa mère qui n'avait pas quitté l'église.

 

Elle avait vingt ans lorsque naquit son deuxième fils, Jean-Evangelista.

Il fut frappé de la peste, lorsque celle-ci dévasta la ville de Rome.

 

Prévoyant sa mort, il en avertit sa mère et la supplia de lui donner un confesseur, parce qu'il voyait Saint Antoine et Saint Onuphre, à qui il portait une particulière dévotion, s'avancer vers lui pour le conduire au ciel.

Il mourut ce jour-là.

 

Elle le vit en vision un an plus tard, alors qu’elle était en prière, accompagné d’un ange encore plus lumineux que lui.

 

Trois ans plus tard lui naissait une fille, Agnès.

 

Lors d'une épidémie de peste, Françoise et Vanozza manifestèrent un grand dévouement aux malades et aux victimes de la famine qui s'ensuivit.


 

Françoise vendit ses robes, ses bijoux, distribua l'argent aux pauvres.

 

Parallèlement, elle incitait les dames de la haute noblesse romaine à renoncer à leur vie mondaine pour se rapprocher de Dieu.

 

C'est ainsi qu'elle fonda, le 15 août 1425, l'association des "Oblates de Marie".

 

 

Lors de l'invasion de Rome par Ladislas d'Anjou Durazzo, la famille Ponziani dut s'enfuir.

Leur maison fut pillée, leurs biens confisqués, et Lorenzo fut contraint à l'exil.

 

Françoise, restée à Rome, continua ses œuvres de charité, en disant, paraphrasant Job : « Le Seigneur me les a donnés, le Seigneur me les a ôtés ; que Son saint Nom soit béni ! »

 

À la mort du roi de Naples, la famille réintégra Rome et reprit possession de ses biens.

 

 

Françoise, à la suite d’une grave maladie, dut garder la chambre et resta de longs mois dans un état de santé précaire.

 

C'est pendant cette période que Saint Alexis lui apparut par deux fois :

L'une pour lui demander si elle souhaitait la guérison,

L'autre pour lui dire que Dieu voulait qu'elle ne meure pas et reste dans le monde.

 

Elle guérit et partit avec sa belle-sœur Vanozza rendre grâce à Santa Maria Nuova et à l'église Saint-Alexis.

 

« Maintenant que le jour est venu, hâtons-nous de nous rendre toutes deux à Santa Maria Nuova et à l'église de Saint-Alexis, en action de grâce. »

 

En 1436, devenue veuve, elle se retira dans la petite congrégation des Oblates.


 

Elle vécut dans un profond dénuement, vivant de légumes et d'eau pure, portant cilice et utilisant les disciplines, accomplissant en toute humilité les plus basses tâches, tout en portant secours aux pauvres, par ses dons et ses pieuses exhortations.

 

Elle donna des révélations sur l’avenir des personnes qui la côtoyait, et qui se vérifiaient par la suite.

 

Un jour que le pain manquait à la Maison des Oblates, Françoise pria le Seigneur.

Il multiplia les quelques morceaux de pain de sorte que les sœurs purent être rassasiées et qu'une corbeille put être remplie avec ce qui restait.

 

Les sœurs travaillaient aux champs, au mois de janvier, occupées à couper du bois.

 

Elles avaient soif et n'avaient rien à boire.

 

Françoise s'approcha d'un cep de vigne, sec en cette saison, et en retira des grappes de raisin qu'elle distribua à ses sœurs.

 

 

On raconte qu'une femme, nommée Angèle, qui était percluse d'un bras par la goutte, ayant rencontré la Sainte en chemin, implora son secours, et qu'elle fut immédiatement guérie.

 

Sainte Françoise Romaine mourut chez elle le 9 mars 1440, en soignant son fils malade.

Ses dernières paroles furent :

« Le ciel s'ouvre, les anges descendent, l'archange a fini sa tâche, il est debout devant moi et me fait signe de le suivre ».

 

L'ange gardien de Françoise la suivait constamment.


 

Invisible aux autres, il lui indiquait par de subtils changements dans son comportement si ses actions étaient bénies de Dieu ou si elles s'écartaient de la voie qu'elle s'était tracée.

 

C'est avec son aide qu'elle dut aussi lutter contre les attaques du démon.

 

Tout de suite après sa mort, de nombreuses guérisons furent constatées devant sa dépouille mortelle qui embaumait un parfum de rose et de jasmin.

 

De spectaculaires conversions aussi comme celle d'un turc, nommé Béli qui, la voyant, s'écria :

« Françoise, servante de Dieu, souvenez-vous de moi» et se convertit instantanément.

 

Eugène IV, Nicolas V et Clément VIII œuvrèrent à son procès en béatification.

Elle fut canonisée par Paul V le 29 mai 1608. Innocent X a institué sa fête le 9 mars. Son corps fut exhumé en 1638 pour être déposé dans une châsse.

 

On la représente soit avec un petit âne, soit un panier de légumes, soit en compagnie d’un ange ou portant l’Enfant Jésus.

"Une vision de sainte Françoise Romaine"

Nicolas Poussin (17e siècle)

 

 

 

Traité de l’Enfer

 

 

Bien qu’elle fit des prophéties de son vivant, ses révélations ne sont pas des prophéties pour notre temps.

 

C'est en 1414, lors de sa longue maladie, que Françoise eut 93 visions.

Elle les a dictées à son confesseur : « Le Traité de l’Enfer », en neuf chapitres, les rapporte.


" Dans la dix-septième vision, Dieu lui montre sa divinité.

 

Elle vit comme un grand cercle qui n'avait d'autre soutien que lui-même, et jetait un éclat si vif que la Sainte ne pouvait le regarder en face.

 

Elle lut au milieu les paroles suivantes : " Principe sans principe et fin sans fin ".

 

Elle vit ensuite comment se fit la création des anges : ils furent tous créés à la fois, et la puissance de Dieu les laissa tomber comme des flocons de neige que les nuées versent sur les montagnes pendant la saison d'hiver.

 

Ceux qui ont perdu la gloire du ciel à jamais, forment le tiers de l'immense multitude de ces esprits."

 

Le 13 février 1432, c'est la 21e vision, le chœur des vierges, conduit par sainte Madeleine et sainte Agnès, lui fit entendre le cantique suivant :


" Si quelqu'un désire entrer dans le cœur de Jésus, il doit :

Se dépouiller de toutes choses tant intérieures qu’extérieures ;

Se mépriser et se juger digne du mépris éternel ;

agir en toute simplicité,

N'affecter rien qui ne soit conforme à ses sentiments,

ne point chercher à paraître meilleur qu'on n'est aux yeux de Dieu ;

Ne jamais revenir sur ses sacrifices ;

Se renoncer à soi-même et connaître sa misère au point de ne plus oser lever les yeux pour regarder son Dieu ;

Se haïr soi-même au point de demander vengeance au Seigneur ;

Rendre au Très-Haut les dons qu'on en a reçus : mémoire, entendement, volonté ;

Regarder les louanges comme un supplice et un châtiment ;

S'il arrive qu'on vous témoigne de l'aversion, regarder cette peine comme un bain d'eau de rose dans lequel il faut se plonger avec une vraie humilité ;

Les injures doivent résonner aux oreilles de l'âme qui tend à la perfection comme des sons agréables ;

Il faut recevoir les injures, les mauvais traitements comme des caresses : ce n'est pas assez, il faut en rendre grâces à Dieu,

Il faut en remercier ceux de qui on les reçoit ;

 

L'homme parfait doit se faire si petit qu'on ne doit pas plus l'apercevoir qu'un grain de millet jeté au fond d'une rivière profonde."

Il lui fut dit ensuite qu'une seule âme s'était trouvée au monde ornée de toutes les vertus dans un degré suprême : celle de Marie.

 

 

 

Les enfers :

 

Sainte Françoise Romaine se trouva en extase par la volonté divine et fut amenée à voir l’enfer.

 

En arrivant au seuil de l’enfer, elle vit un si grand abîme, si terrible que, quand la sainte en faisait part à son directeur spirituel, elle ressentait une grande peine et une grande douleur.

 

Ainsi, elle racontait qu’au seuil de l’enfer elle voyait une inscription qui disait :

« Voici l’enfer, sans espoir ni répit, où l’on ne trouve aucun repos. »

 

La sainte voyait, entendait et ressentait des choses effroyables et la crainte (si grande qu’elle en était inimaginable) qu’elle ressentait la fit sortir d’elle-même.

 

L’entrée de ce lieu indicible était au début assez grande mais, au milieu, elle était plus vaste et il y avait tant de ténèbres et d’obscurité qu’on ne peut les décrire avec des mots humains.

 

L’enfer était constitué de trois régions : le haut, le milieu où les peines étaient plus grandes, le bas avec des peines diverses et beaucoup plus lourdes.

 

Il y avait un très grand espace entre chaque région et cet espace était plein de ténèbres très profondes et de tourments sans fin.

 

Il y avait aussi un énorme dragon qui occupait ces trois régions (…) il s’en exhalait des flammes très hautes et très chaudes qui n’éclairaient pas mais qui brûlaient.

 

Il s’échappait aussi de cette gueule indescriptible une puanteur si grande qu’elle est inimaginable et, par les yeux, les oreilles, les naseaux, des flammes noires brûlantes et pestilentielles.

 

L’humble servante de Dieu entendait aussi des hurlements et des voix perçantes, des blasphèmes, et de grands pleurs dus à une souffrance intolérable et tant de lamentations et de cris de torture que, en racontant tout cela à son directeur spirituel, la sainte était abattue et torturée d’une manière incroyable.

 

Elle vit aussi Satan dans un tourbillon terrible. (…)

 

Sa face, inimaginable, était terrifiante, et de toutes parts il projetait des flammes fétides et ardentes.

 

Il avait d’ailleurs le cou, les mains, les pieds et la taille attachés avec des chaînes ardentes, de telle façon que tout son corps était encerclé de ces chaînes ardentes.

 

Celles-ci étaient rattachées à toutes les régions de l’enfer.

 

L’humble servante du Seigneur vit aussi comment les démons, qui sont dans le monde pour induire en tentation, conduisaient les âmes en enfer.

 

Tandis qu’ils les conduisaient en provoquant une immense terreur, qu’ils les insultaient et les tournaient en dérision, ils disaient de telles horreurs qu’on peut difficilement les raconter, au point que cette âme dévouée à Dieu et pleine de compassion ressentait une douleur à peine croyable et, en racontant cela, elle était complètement abattue.

 

Elle voyait, de plus, les démons tirer chacun de leur côté les âmes, d’une manière si effroyable qu’on ne peut l’imaginer, et disloquer ces malheureuses.

 

Après avoir conduit les malheureuses âmes au seuil de l’enfer, les démons projetaient l’une d’entre elles la tête la première dans la gueule du dragon, qui était toujours ouverte comme il est dit plus haut.

 

Elle était subitement avalée par la gueule du dragon, qui était toujours ouverte comme il est dit plus haut.

 

Elle était subitement avalée par la gueule du dragon et elle en ressortait tout aussi subitement, puis des démons particuliers, spécialement désignés pour cela, la présentaient au prince.

 

Après cette présentation qui se faisait dans la plus grande terreur, les flammes qui sortaient du prince de toutes parts la torturaient aussitôt.

 

Ce prince jugeait d’ailleurs l’âme qu’on lui présentait, et les démons désignés la portaient à l’endroit qui lui était assigné en fonction des péchés qu’elle avait commis.

 

 

 

D’autre part, quand elle était en extase, sainte Françoise, âme dévouée à Dieu, raconta à son confesseur comment on lui montra ces anges qui devaient chuter et ceux qui devaient demeurer dans l’amour divin.

 

De toute la multitude des anges, le tiers fut déchu.

 

La partie principale de ce tiers se trouve en enfer mais un tiers de ce tiers est dans les airs et le dernier tiers se tient à nos côtés, dans ce monde ; ce dernier groupe est introduit en nous.

 

Il y en a quelques uns, parmi ces esprits, qui nous tentent, selon ce qui est dit ci-dessous ; en ce qui concerne leurs différences, il faut savoir que ces misérables esprits qui ont suivi Lucifer à cause de leur propre fourberie, librement et de manière absolue, sont enfermés en enfer, d’où ils ne sortent jamais, si ce n’est quand, par permission divine, il doit arriver dans le monde une grande catastrophe provoquée par les péchés des hommes.

 

Ces démons-là sont très mauvais et néfastes, et ils représentent le tiers de ce tiers qui chuta de tous les chœurs d’anges.

 

Mais ceux de ces misérables esprits qui sont dans les airs et ceux qui sont parmi nous dans ce monde représentent les deux tiers du groupe qui chuta ; et il y en a qui ne choisirent aucun camp entre Dieu et Lucifer, car ils se turent : ils font aussi partie des deux tiers.

 

La dévouée servante du Christ dit aussi qu’en enfer, il y a trois princes ordonnés, soumis à Lucifer dans ses chaînes ; ces princes sont au-dessus des autres démons de par la volonté divine, de même que, dans la gloire, il a y trois anges glorieux au sommet de trois hiérarchies.

 

De même que ces 3 princes glorieux des anges sortent des trois chœurs suprêmes, où ils sont les plus nobles et les plus éminents, de même les princes infernaux, misérables et mauvais, sont plus mauvais que les autres qui sont tombés des mêmes chœurs.

 

Mais le prince et le chef de tous les diables, c’est Lucifer dans ses chaînes, qui faisait partie de l’ordre séraphique ; désormais, il a été ordonné par la justice divine, en ce qui concerne le vice d’orgueil, maître, bourreau, coordinateur de tous les démons et de tous les damnés.

 

Et plus l’ange était noble, plus le diable est mauvais.

 

Le premier de ces trois princes, qui s’appelle Asmodée, s’occupe du vice ignoble de la chair ; il faisait partie du chœur des chérubins.

 

Le deuxième prince, qui s’appelle Mammon, s’occupe du vice de l’avarice ; il faisait partie du chœur des Trônes.

 

Le troisième prince, qui s’appelle Belbébuth, faisait partie du chœur des dominations ; il s’occupe du vice de l’idolâtrie, c'est-à-dire des devins et des sorciers, et il est le chef de toutes les ténèbres et de toutes les régions ténébreuses de l’enfer, lui qu’on a chargé d’étendre les ténèbres sur la raison des créatures.

 

Belzébuth est là pour être torturé par les ténèbres et pour y torturer aussi les malheureuses âmes, non seulement celles qui sont dans les ténèbres, mais aussi celles qui sont dans leur corps et qui sont assujetties aux incantations, aux maléfices et aux sortilèges des démons.

 

Et, comme Lucifer, ces trois princes ne sortent jamais de l’enfer, mais ils envoient d’autres démons de l’enfer quand il faut qu’un très grand mal se produise dans le monde, avec la permission de Dieu, surtout quand les démons qui sont dans les airs ou ceux qui sont parmi nous ne suffisent pas à faire ce mal.

 

Ces artifices produisent beaucoup de ténèbres dans l’esprit des hommes et les éloignent de la vérité, quand ils y consentent ; ils tentent les malheureuses âmes qui sont dans leur chair, contre la foi catholique sainte et immaculée, grâce à des sortilèges et des incantations, avec tant de stratagèmes différents qu’on ne peut le croire ni même l’imaginer.

 

Les esprits malins qui sont dans les airs, comme la dévouée servante du Christ l’a dit, ne tentent pas les âmes qui se trouvent dans une chair mortelle, en aucune manière, si ce n’est que, très souvent, ils provoquent de la grêle, des tempêtes, du brouillard, du vent pour affaiblir les âmes qui sont dans leur chair, les faire tourner comme des girouettes et leur faire peur ; ainsi, ils les font se détacher de la foi et manquer de confiance en la Providence divine.

 

Ceux qui tombèrent de la deuxième hiérarchie et qui sont soumis au démon Asmodée, qui est le chef chargé, avec tous ses serviteurs qui sont parmi nous dans ce monde, du péché ignoble de la chair, trouvent les âmes, comme il est dit ci-dessus, déjà affaiblies par les esprits qui sont dans les airs et tentées par le vice d’orgueil, et il les font d’autant plus rapidement tomber et s’enferrer dans le péché de chair.

 

Mais ceux qui se trouvent parmi nous dans le monde et sont soumis à Mammon, prince du vice d’avarice, et qui faisaient partie de la dernière hiérarchie, trouvent les malheureuses âmes affaiblies et enferrées dans le péché d’orgueil et le péché de chair, c’est pourquoi ils les font tomber plus vite encore dans le péché d’avarice.

 

Les trois princes des démons s’entendent très bien entre eux et s’aident l’un l’autre pour faire périr les malheureuses âmes.

 

Car, après être tombée dans un vice et ne pas s’en être écarté rapidement, l’âme défait est plus encline à succomber à d’autres vices.

 

Mais aucun d’eux n’oserait tenter une âme sans les préceptes de Lucifer et ne pourrait soumettre des âmes à la tentation si notre Dieu saint et très bon ne l’agréait et ne le permettait.

 

En outre, Lucifer voit aussi tous les démons qui sont en enfer, dans les airs et parmi nous dans ce monde, et tous se voient mutuellement sans aucun obstacle, et chacun d’entre eux comprend la volonté de Lucifer, sous l’effet de la justice divine et de sa résolution.

 

Mais les misérables démons qui sont dans les airs, c'est-à-dire dans l’espace intermédiaire entre ciel et terre, subissent les plus grandes peines et, en général, se frappent les uns les autres.

 

Ils subissent les plus grandes tortures quand ils voient le bien que font les hommes bons dans ce monde et tous les autres démons sont aussi torturés, à quelque degré que ce soit, pour la même raison.

 

Bien que les démons aériens susdits ne perçoivent pas le feu infernal, cependant, à l’intérieur d’eux, ce feu leur inflige de grandes souffrances.

 

Il en advient de même aux démons qui sont parmi nous dans le monde, mais les esprits malins qui sont pour toujours en enfer se trouvent continuellement dans le feu éternel et en sont torturés.

 

Quand il y a des âmes solides qui, au lieu de se laisser dominer par les tentations des démons leur résistent énergiquement, de sorte que les esprits malins ne peuvent les vaincre à cause de leur fermeté et de leur constance en le Seigneur.

 

Alors, un ou plusieurs autres démons, plus astucieux et plus fourbes, viennent en renfort et apprennent aux démons qui ont été introduits en nous à tenter et malmener les âmes solides qui résistent, en exerçant sur elles les plus grandes pressions.

 

Ce qui arrivait à sainte Françoise, l’humble servante du Christ, qui était continuellement tentée et malmenée, non seulement par le démon mauvais introduit en elle, mais encore par ceux qui ont chutés du chœur séraphique et qui sont dans les airs, et par ceux qui sont parmi nous.

 

Ainsi, ce n’était pas un mais plusieurs démons qui la tentaient et la malmenaient continuellement.

 

La servante du Christ connaissait et savait, avec l’aide de la grâce divine, de quel chœur chaque démon avait chuté.

 

Quelques-uns de ces démons se tiennent derrière l’âme, en traîtres, ce qui frappa beaucoup, à maintes reprises, la sainte servante du Christ.

 

Celui qui se tient derrière fait des gestes et des signes à celui qui se tient devant et à celui qui a été introduit dans l’âme.

 

L’humble servante du Christ voyait et comprenait tout cela avec ses sens de façon naturelle, elle voyait les esprits malins sous plusieurs apparences (d’après ce qui est dit plus haut dans le traité sur les conflits entre les esprits malins) et voyait aussi à quel point ces démons se comprennent mutuellement par l’esprit.

 

En second lieu, cette âme aimée de Dieu vit dans une vision sanctifiante que la malheureuse âme éprouvée qui n’a pas remporté la victoire sur les esprits malins pendant sa vie, après être sortie de son corps, est conduite en enfer avec une grande violence et une grande fureur par le démon qui avait été introduit en elle.

 

Les autres démons qui sont parmi nous dans le monde, comme il est dit plus haut, poursuivent cette malheureuse âme en la torturant durement et en la mettant en lambeaux avec un grande rage, jusqu’au moment où ils la jettent en enfer.

 

Ensuite, le démon qui avait été introduit dans l’âme manifestait, avec les autres démons qui s’étaient associés à lui pour torturer l’âme, sa grande joie et son allégresse.

 

Beaucoup d’âmes étaient présentées à Lucifer, bien qu’elles n’eussent pas commis de péchés graves, parce qu’elles avaient fini leur vie sans confession ni pénitence.

 

Mais l’ange glorieux qui est introduit dans l’âme pendant sa vie se tient toujours à sa droite.

 

Une fois que la malheureuse âme qui doit être damnée à cause de ses péchés sort de son corps, l’ange l’accompagne jusqu’à ce qu’elle soit jetée jusqu’à ce qu’elle soit jetée en enfer, comme il est dit plus haut.

 

Et une fois l’âme partie, l’ange descend dans un lieu qui lui est attribué dans la sainte gloire.

 

Mais quand, par l’opération de la grâce divine, l’âme est envoyée au purgatoire, le démon qui avait été introduit en elle s’arrête aux portes du purgatoire.

 

Si, cependant, l’âme se trouve en bas du purgatoire, le démon y est torturé durement selon les préceptes de Lucifer, parce qu’il n’a pu conduire l’âme à des peines infinies, et cette torture est distincte et séparée des autres tourments généraux préparés pour ce démon.

 

L’âme, bien qu’elle se trouve dans le purgatoire, en bas, subit cependant des peines particulières parce qu’elle voit de façon effrayante son démon et qu’elle essuie des insultes de la part de ce démon qui lui explique qu’elle subit ces peines à cause de l’offense fait à son créateur et de son adhésion aux suggestions du démon.

 

Et une fois que l’âme est sortie du bas du purgatoire, le démon susdit reste avec les autres démons qui sont dans le monde parmi nous ; il est la risée des autres démons parce que, à cause de son inertie et de sa négligence, ils ont perdu l’âme.

 

Les démons introduits dans les âmes qui les terrassent et les déjouent, avec l’aide de la grâce divine, ne sont plus introduits dans d’autres âmes mais, bien que misérables et déconfits, ils commettent le mal qu’ils peuvent et parfois, pour confondre les âmes, prennent l’apparence d’animaux sauvages, avec la permission divine.

 

Il arrive aussi qu’ils prennent possession de corps d’hommes et de femmes vivants et affirment de façon mensongère être les esprits de défunts.

 

Au contraire, les démons qui ont gagné les âmes avec lesquelles ils étaient unis (en étant introduits en elle) après avoir conduit ces malheureuses âmes en enfer, restent dans ce monde parmi nous comme combattants victorieux et aguerris, puis ils sont introduits dans d’autres âmes.

 

Ces démons deviennent plus fourbes, plus habiles et plus mauvais, qu’ils ne l’avaient été auparavant avec des âmes damnées à qui ils avaient été unis.

 

Et parce qu’ils ont une plus grande pratique pour tenter ces malheureuses âmes, ils connaissent ensuite mieux qu’auparavant les moyens de tromper les âmes et de les encourager à mourir, à cause de leur grande expérience et aussi des ruses que les autres démons plus perfides et plus forts (qui faisaient partie d’un autre chœur) leur avaient apprises quand eux-mêmes n’avaient pu dominer ces âmes qui leur résistaient énergiquement, comme il est dit plus haut.

 

Sainte Françoise dit aussi que tout démon introduit dans une âme pour la tenter ne peut tenter qu’elle seule et n’essaie pas de soumettre à la tentation d’autres âmes, mais il met toutes ses forces à tenter et à dévoyer l’âme dans laquelle il se trouve, sans ce soucier des autres.

 

Mais quand la malheureuse âme se laisse dominer par le démon, celui-ci la tente et la persuade de faire des choses indues contre son prochain, de telle sorte qu’au moment propice elle arrive à faire pécher son prochain et à en faire un objet de scandale ; de cette manière, le démon tente et met à mal d’autres âmes.

 

Lorsque les démons qui sont dans ce monde prononcent le nom très saint de Jésus avec dévotion, tous les démons, tant ceux de l’enfer, que ceux qui se trouvent dans les airs ou parmi nous dans ce monde, sont contraints de s’agenouiller, non de leur propre volonté mais bien malgré eux.

 

C’est pourquoi il arriva plusieurs fois que, tandis que le Père spirituel de la petite servante aimée de Dieu parlait avec elle de spiritualité, elle vint à prononcer le nom très saint de Jésus.

 

Plusieurs démons que la sainte voyait sous diverses apparences embrassaient terre avec une grande révérence et plus la personne qui prononce le nom très saint de Jésus vit dans une grande perfection en exerçant une grande charité, plus la peine et les tourments qu’éprouvent les misérables démons sont grands.

 

Aussi, quand de malheureux pêcheurs blasphèment ce nom très saint ou le prononcent à mauvais escient, comme les démons sont contraints de manifester la révérence susdite, ils s’inclinent, bien que ce soit malgré eux, mais ils ne sont pas aussi affligés que quand on loue et bénit le nom de Jésus.

 

Mais, évidemment, quand on blasphème ce nom très saint, les démons sont en liesse et se réjouissent de ce péché de blasphème et ainsi, à part égales, ils sont réjouis et affligés parce qu’ils sont obligés de révérer ce nom très saint, comme il est dit.

 

Et quand on prononce le nom de Dieu, du Saint Esprit, de la très sainte Trinité ou le nom de la très glorieuse Vierge Marie ou encore le nom du Christ, les misérables démons ne montrent pas la même révérence qu’à l’invocation du nom de Jésus.

 

Néanmoins, à l’appel des noms susdits, ils sont saisis d’effroi et complètement épouvantés.

 

Et, à chaque fois que l’on prononce le nom très saint de Jésus, soit à mauvais escient, soit par blasphème, soit par parjure, tous les esprits glorieux qui se trouvent dans la partie angélique ou humaine s’agenouillent avec une grande révérence, non avec cette joie remarquable qu’ils éprouvent quand on le loue et qu’on le bénit, mais cependant avec la plus grande révérence à cause de la crainte très sainte que ce nom très saint inspire et de sa noblesse.

 

Puisqu’ils sont dans la béatitude, ils ne peuvent s’affliger de rien, mais ils ne se réjouissent pas autant quand le nom de Jésus est blasphémé ou prononcé à mauvais escient que quand il est loué et béni, surtout par des personnes dignes de le faire et agréable à Dieu.

 

 

De la même manière, quand on prononce les autres noms de Dieu et de la Vierge glorieuse, les esprits glorieux, tant angéliques qu’humains, en rendent gloire dans leur patrie, selon les mérites de ceux qui prononcent ces noms saints.

 

Et, pour cette raison, à chaque fois que la sainte ou une autre personne en sa présence prononçait le nom très saint de Jésus, l’ange glorieux que la sainte voyait continuellement, comme il est dit plus haut, dans un tourbillon d’allégresse et avec un aspect réjoui, s’inclinait avec révérence, avec tant de bienveillance que la sainte servante du Christ, en le voyant, sentait l’amour divin l’enflammer toute entière.

 

Puis la sainte petite servante du Christ dit à propos des âmes endurcies par le péché mortel pendant leur vie, que les esprits malins pèsent sur elles et les dominent par des stratagèmes divers et en prenant diverses apparences suivant l’importance et le nombre de leurs péchés.

 

Mais quand lesdites âmes manifestent leur contrition et se confessent de leurs péchés, les démons ne les dominent plus ni ne pèsent sur elles, mais ils les entourent de près pour les tenter afin d’entrer en elle, coûte que coûte par leurs suggestions, et, par leurs tentations, ils leur donnent les plus grandes angoisses.

 

Cependant, après s’être bien confessées, ces âmes ne peuvent plus être mises à mal par les esprits malins, parce que ceux-ci se trouvent affaiblis.

 


 


Sources :

 

 

Visions dont Traité de l'Enfer (1414) : « Vie de Sainte Françoise Romaine, fondatrice des Oblates de la Tour-des-Miroirs », divisée en trois livres.

(I. Histoire de la sainte, par le R.P. Virgilio Cépari. II. Visions de sainte Romaine, par Jean Mattiotti. III. Ses combats contre les démons.)

« Traité de l'enfer », par Françoise Romaine, trad. du latin par l’abbé Pieau, des actes des saints, Périsse frères, 1841

 

 

« Vie des Saints pour tous les jours de l'année », Abbé L. Jaud,Tours, Mame, 1950.

Partagez votre site

Toutes les prophéties
Toutes les prophéties