L’abbé Mattay

 

L’Abbé Mattay était le curé de Saint-Méen, en Bretagne, à quelques kilomètres de Dinant.

 

Mr Mattay est né en 1751 et il est mort à Saint-Méen le 4 janvier 1820.

 

Lors de sa mort on inscrivit dans le registre paroissial: “Le 4 janvier 1820, les habitants de Saint-Méen eurent la douleur de perdre Monsieur Mattay, ancien lazariste, vicaire de Saint-Méen, qui mourut en cette ville âgé de 69 ans.

 

Il était de Morey, diocèse de Besançon. Il avait toujours conservé l'esprit du corps respectable auquel il avait appartenu.

Il fut le père des pauvres, qu'il aimait comme ses frères et qu'il secourut de tous ses moyens, surtout en 1812.

 

Il avait toujours témoigné son attachement aux habitants de Saint-Méen en demeurant au milieu d'eux pendant les jours mauvais de la révolution.

Il donna par testament, à la fabrique de Saint-Méen tout ce qu'il possédait.

Il légua aux Sœurs de la Charité, pour les pauvres, une petite terre qu'il avait achetée à Saint-Ouen, des deniers qu'il avait pu sauver du pillage de la maison des Lazaristes, dont il était membre”.

 

Le portier du Collège de Saint-Méen, Fauchux rapporte fidèlement ses prédictions. En effet, l’abbé Mattay avait une entière confiance en Fauchux et lui faisait répéter comme une leçon, ce qu’il voulait qu’on sût après sa mort.

 

Il voulait qu’à mesure que les événements se produiraient, on puisse les prévenir à temps.

 

A force de répéter les choses à Fauchux, celui-ci considérait son maître comme inspiré par Dieu.

Le jeune portier retint mot pour mot toutes les paroles de l’Abbé Mattay, avec une merveilleuse exactitude.

 

C’était un auditeur attentif et docile, sa croyance pour ce qu’on appelait les rêveries du Curé en faisait la risée du Collège, mais il n’en était pas ému.

 

A la mort du Curé, Fauchux pris sur lui de continuer à prévenir les gens, mais à chaque avertissement de sa part on se moquait de lui.

On considérait Fauchux comme un honnête homme et le Curé aussi, mais on lui répondait que le Curé n’était qu’un fou, et que lui n’était qu’un sot.

 

Ce à quoi Fauchux répondait tranquillement que puisque les choses arrivaient comme l’Abbé Mattay les avait dites, lui continuerait à y croire.

 

Dans le doute on écrivit sous la dictée de Fauchux pour pouvoir lui rapporter par la suite qu’il s’était trompé. Mais en écrivant on changeait le sens de ses phrases ce qui agaçait profondément Fauchux.

 

Adrien Peladan raconte : « J’ai connu Fauchux en 1849, et j’ajoute ici des détails omis volontairement dans la prophétie de 1818. Je tiens ces détails de Fauchux lui-même.

 

Quand j’étais à Saint Méen, mon cousin (…) y était maire, c’était à l’époque des journées de Juin, et les courriers revenaient de province sans avoir pu entrer dans Paris, où éclatait la guerre civile.

 

Je vis alors Fauchux demander à ces messieurs qui passaient(…) « Messieurs, les armées étrangères sont elles entrées en France ? Marchent-elles sur Paris ? »

 

On lui répondit « Il n’est pas question d’armées étrangères, ce sont les pharisiens qui font des barricades.

On se bat dans Paris qui est fermé ; personne de dehors ne peut pénétrer et savoir ce qui s’y passe, tu vois bien que les courriers reviennent sans rapporter de nouvelles. »

 

« Et bien tant pis, si les armées étrangères ne menacent pas la France, car alors nous ne sommes pas prés d’avoir fini ; il faudra auparavant qu’elles entrent en France, pour la démembrer, alors on verra le sang couler du nord au midi avec tant de force que les chevaux y nageront jusqu’au poitrail. »

 

« Tu dis toujours les mêmes contes vieux fou, mais si nous n’en sommes pas là, que vas-tu nous annoncer ? »

 

« Messieurs, Mr Mattay n’a-t-il pas dit vrai pour le règne de l’usurpation en 1830 ? Et la fuite nouvelle du roi citoyen, vous venez d’en être témoin ; je vous ai dit qu’il gagnerait l’Angleterre est ce vrai ? Je vous ai dit qu’il y mourrait, vous verrez bien. (…)

En 1830, Mr Mattay avait prédit que si on n’agissait pas alors, le roi républicain régnerait 17 à 18 ans, cela n’est-il pas arrivé ? A présent voici ce qu’à dit Mr Mattay, un prince, humilié jusqu’à la confusion, et qui aura passé en France une partie du règne précédent, prendra la couronne et se fera nommer empereur. »

« Comment ! Pauvre fou ! Tu dis que nous aurons un empereur ! Ah c’est trop fort ! »

« Oui messieurs et désormais nous n’aurons plus de roi en France »

« Alors Fauchux, que feras-tu du grand Monarque dont tu parles toujours ? Quel nom lui donneras-tu ? »

« Je ne sais pas son nom, mais je sais qu’il sera de l’ancienne dynastie ; il ne règnera qu’après que la France ai été rudemment châtiée, et la main de Dieu sera avec lui, il s’appellera Empereur d’Orient et d’Occident »

« Alors donc c’est lui qui va venir ? »

« Je ne le croit pas puisque les ennemis ne sont pas encore rentrés en France pour la décembre. »

Voilà ce que j’affirme avoir entendu dire à Fauchux en 1849. »

 

Fauchux énumérait les grandes catastrophes pour le rétablissement de la paix après ces événements.

 

Il disait « Tant que la France sera voleuse, elle ne sera pas heureuse ! Rendez à chacun ce qui est dû.

Je n’en dirais pas davantage, Mr Mattay me l’a défendu ; mais vous verrez bien ! (…) »

 

Adrien Paladan écrit « Il se pourrait cependant, d’après ce que nous voyons en 1880 que de nouvelles injustices rendissent la France pour une large part à nouveau voleuse, et que cette fois justice fut rendue par le souverain légitime. »

 

 

On a longtemps supposé que l’Abbé Mattay avait seulement repris les prophéties le l’Abbé Souffrant pour les transmettre, mais ses prédictions sont tout de même singulières de celles de l’Abbé Souffrant.

 

En 1813, l’Abbé Mattay prononça du haut de la chaire les paroles suivantes :

"Pauvres mères, vous pleurez la perte de vos enfants, vous avez raison ; mais consolez-vous ; dans deux ans vous n’aurez plus d’empereur, il sera détrôné et remplacé par un prince de la famille des Bourbons".

Il annonça donc la chute de Bonaparte. Il était si assuré de ce qu’il avançait qu’il n’hésitait pas à le dire le dimanche à la Messe.

Cette audace faillit lui susciter des difficultés avec le régime impérial.

 

Ses amis firent ce qu’ils pouvaient pour le protéger, ils s’interposent auprès du chef lieu, où il avait été dénoncé. Le maire, bien pensant, en fut quitte pour le représenter auprès des autorités du chef-lieu comme un homme qui n’avait plus la tête à lui.

 

Il l’avait si bien à lui, qu’en 1815 il fit la prophétie suivante, claire, détaillée :

 

 

Prophéties :

 

«Après elle (la République) un prince légitime (le Grand Monarque), d’une grande piété et d’une grande sagesse, sera appelé à gouverner la France.

 

Il vivra très vieux, et la France se trouvera heureuse sous son règne.

Il viendra au moment où on s’y attendra le moins. Il prendra le titre d’empereur ; car, à partir de là, nous ne devons plus avoir de rois.


Vers la fin du règne de l’usurpateur, le pape mourra et aura pour successeur un jeune pape, qui saura se mettre à la hauteur de sa mission ; et c’est sous ce jeune pape que nous sommes appelés à voir les grands événements.

 

L’empereur aura passé en France presque tout le temps du règne républicain ; mais on en parlera très peu, si ce n’est quelques jours avant son avènement.

 

Il partira de Rome pour occuper le trône après avoir reçu la bénédiction du Saint-Père.
Sa garde sera composée d’étrangers (…).

A peine proclamé, il aura plusieurs guerres à soutenir, et notamment avec l’Angleterre, qui sera conquise par lui et deviendra province de France.

 

Il mettra onze mois à faire cette conquête ; toute l’armée d’une voix unanime criera : "Courrons en Angleterre !"

 

L’enthousiasme sera si grand que l’Empereur, pour ne pas faire de jaloux, tirera les troupes au sort, car il faudra bien qu’il en réserve une partie pour garder les côtes

Les puissances étrangères s’armeront, non en faveur de la légitimité, mais dans le but de partager la France.

L’empereur de Russie à la tête d’une grande armée, viendra jusqu’au Rhin, qu’il ne passera pas, parce que là une main invisible l’arrêtera.

 

Il verra le doigt de Dieu.

 

Quelque chose de miraculeux arrivera : l’empereur de Russie embrassera la religion catholique et la fera reconnaître dans tous ses Etats. Je ne puis au juste préciser l’époque de ces choses.

Tout ce que je sais, c’est que si la République a le temps de s’établir tout à fait, elle ne durera que trois jours au bout desquels l’empereur montera sur le trône.

 

Et à un moment donné, toute l’Europe sera en feu.

 

Le calme naîtra cependant de l’orage au moment où l’on s’y attendra le moins et qu’on croira tout perdu.

 

L’heureux changement arrivera et sera annoncé par des proclamations qui, dans un clin d’œil, seront répandues à toute la France.

Les fonctionnaires désignés se trouveront à leur poste à point nommé ; les emplois seront donnés au mérite et non à la faveur ; la religion sera protégée et respectée.

 

L’empereur accordera un pardon général, et personne ne sera inquiété pour ses opinions. En un mot, il y aura oubli du passé.

Peut-être les choses s’arrangeront-elles sans effusion de sang ; mais si l’on se bat, le choc sera terrible, et il périra plus de monde qu’en 93, et la terreur sera si grande que les plus rassurés trembleront de frayeur.

 

Les églises seront fermées pendant quelques temps, surtout dans les villes.
Le feu n’atteindra point la Bretagne, ou du moins, elle souffrira peu.

Tout le pays sera couvert de troupes ; le feu prendra du Midi au Nord, et l’on se battra pendant six semaines et les quinze derniers jours, jours et nuits.

 

Dans ce cas légitimistes et républicains se donneront la main, et l’empereur viendra occuper le trône sans effusion de sang, et sans même qu’il soit tiré un seul coup de fusil pour le faire monter.

Enfin, ce ne sera pas pour lui qu’on se sera battu.

La paix sera attribuée à Dieu et non aux hommes, et ce dont nous devons être témoins sera regardé comme miraculeux.

 

Alors, la joie sera si grande que le voyageur n’aura pas besoin d’argent ; il sera recueilli et défrayé partout ; on dressera des tables dans les rues, et on y admettra tout le monde sans distinction ; les réjouissances dureront huit jours consécutifs.

Pendant le temps que durera la grande Crise, les journaux, devenus presque insignifiants, n’apprendront que peu de nouvelles, et souvent celles du jour seront démenties le lendemain.

L’empereur ne pourra diminuer les impôts que trois ans après son avènement au trône, à cause des grandes charges qu’auront occasionné les frais de la guerre, et la mauvaise administration du gouvernement précédant.

Avant l’arrivée de l’empereur, trois grandes villes et cinq petites périront de fond en comble, ce qui ne pourra être connu qu’un certain laps de temps après.

A peine les jeunes conscrits de la classe de l’année où ces événements arriveront seront sous les drapeaux que déjà l’empereur sera proclamé ou sur le point de l’être. »

L’Abbé Mattay avait aussi prédit une révolution en Espagne :

« Si le Roi de ce pays n’est pas détrôné, peu s’en faudra ; toutefois, il remontera sur le trône, mais quinze jours seulement après la restauration qui doit avoir lieu en France. »

"...Vers la fin du règne de l’usurpateur,le pape mourra et aura pour successeur un jeune pape, qui saura se mettre à la hauteur de sa mission ; et c’est sous ce jeune pape que nous sommes appelés à voir les grands événements..."

 

 

 

Sources :

 

 

« Le livre des prophéties ou Recueil des prophéties les plus curieuses connues jusqu'à ce jour et particulièrement ayant rapport aux temps actuels », Kermor, Éditionlibrairie générale de l'Ouest (Rennes),1870

« Voix prophétiques ou signes, apparitions et prédictions modernes », Jean-Jules-Marie Curicque, Palmé, 1872

« Dernier mot des prophéties... : nombreux et précieux textes inédits : révélations sur les temps présents et l'avenir prochain », Adrien Peladan, Éditionchez l’auteur,1881

 

« Les Lazaristes au Séminaire de Saint-Méen avant la Révolution » (1645-1791) Étude de Documents N° 37, Félix Contassot, Paris, 1962

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