Saint Rémi

Saint Rémi est né vers l’an 438, dans les environs de Laon et il est mort en 852.  

 

Rémi était le fils du Comte Emilius de Laon et de Ciline.

 

Sa naissance a été prophétisée par l'ermite Montan.

Ce dernier, aveugle, priait pour la paix au moment où la persécution des Vandales désolait toute la France.

 

Or un ange lui apparut et lui dit : "Sache que la femme qui s'appelle Ciline mettra au monde un fils du nom de Rémi, qui délivrera son peuple des attaques des méchants ! "


Aussitôt éveillé, l'ermite se fit conduire à la maison de Ciline et lui raconta sa vision.

Ciline refusait d'y croire car elle était déjà fort âgée et se croyait stérile.

Afin de la convaincre, l'ermite lui dit : "Sache que, lorsque ton enfant aura pris le sein, tu n'auras qu'à me frotter les yeux de ton lait pour qu'aussitôt je recouvre la vue ! "

 

La prophétie se réalisa mot pour mot.


Dès son plus jeune âge, Saint Rémi se retira du monde et entrant au couvent.

Sa renommée était telle que les murs du couvent ne purent l'étouffer et à 22 ans, il fut choisi pour devenir archevêque de Reims.

 

 

De nombreux miracles se succédèrent tout au long de sa vie.

 

Les épisodes suivant sont représentés sur le Portail des Saints de la cathédrale de Reims :

Saint Remi exorcise une possédée, il chasse les démons, console les laboureurs, guérit l'aveugle de Cormicy, instruit Rogatien et sa femme puis les baptise.

Enfin à Cernay, chez sa cousine Celse, il bénit un tonneau qui se remplit de vin.



Saint Rémi eut une action décisive sur les événements politiques de son temps. 

 

L'histoire du retour des vases sacrés, sans doute des vases de Reims, qui avaient été volés puis rendus à Remi, témoigne des relations amicales qui existaient entre lui et le futur Clovis Ier, roi des Francs.

 

Il contribua en effet à la conversion de Hlodwig devenu le roi Clovis, le Roi des francs Saliens, et de ses 3000 soldats francs.

 

Alors que Clovis était encore païen, Clothilde, sa pieuse épouse priait sans cesse pour obtenir sa conversion.

 

Un jour, se voyant menacé par l'immense armée des Alamans, il fit vœu au Dieu qu'adorait sa femme de se convertir à lui, s'il lui accordait la victoire sur ses ennemis.

 

Durant tout le temps de la bataille de Tolbiac qui se déroulait dans la plaine d’Alsace au pied du Franckenberg, la montagne des Francs, Clothilde, tout en haut de cette montagne, protégée dans l’enceinte du château du Franckenbourg, priait intensément.

 

Dieu accorda la victoire à Clovis, de sorte qu'il se rendit auprès de saint Rémi, archevêque de Reims et légat pontifical, et demanda à être baptisé.

 

Mais, en arrivant aux fonds baptismaux, l'évêque et le roi s'aperçurent que le Saint-Chrême manquait ; il fut rapporté qu’une colombe venue des cieux apporta une ampoule dont on se servit pour oindre Clovis : c'est le miracle de la Sainte Ampoule.

 

Saint Rémi procéda au baptême de Clovis, en la nuit de Noël 496, dans la basilique archiépiscopale.

 

Cette ampoule est conservée dans l'église de Reims, où elle fut utilisée durant huit siècles pour le sacre des rois de France.

C'est durant cette cérémonie que l'on attribue à Saint Rémi de Reims la célèbre phrase adressée au roi des Francs :

 

« Courbe la tête, fier Sicambre, abaisse humblement ton cou. Adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré. »

 

Clovis Ier accorda à Rémi des terres, où ce dernier fit bâtir et consacra un grand nombre d'églises.

 

Rémi jouissait d’un prestige certain, mais pas auprès de tous ses confrères, dont certains penchaient pour l’arianisme.

 

Le tombeau de Saint Rémi est conservé dans la basilique de Reims.

 

La vie de Saint Remi fut écrite par Hincmar, archevêque de Reims (845 à 882), certifiant ainsi la prééminence de sa fonction.

Seul l'archevêque de Reims, successeur de saint Remi et détenteur de la Sainte Ampoule contenant le saint chrême, pouvait conférer l'onction et sacrer le roi de France.


 

Prophéties



Au IXe siècle, Raban Maur, archevêque de Mayence, rapporte que Saint Remi, à la veille du baptême de Clovis, aurait prophétisé en ces termes :

« Vers la fin des temps, un descendant des rois de France régnera sur tout l’antique Empire romain.

 

Il sera le plus grand des rois de France et le dernier de sa race.

 

Il arrivera comme par miracle.

Il sera de la vieille cape.

 

Le trône sera posé au Midi.

 

Après un règne des plus glorieux, il ira à Jérusalem, sur le mont des Oliviers, déposer sa couronne et son sceptre, et c'est ainsi que finira le saint empire romain et chrétien. »


Le Baptême


Lors du baptême de Clovis, à minuit, alors que le Roi, la Reine et leur suite sont là.

Le pieux abbé Hincmar a raconté la cérémonie de baptême de Clovis en ces termes :

Soudain, une lumière plus éclatante que le soleil inonde l’église.

 

Le visage de l’évêque en est irradié. En même temps retentit une voix :

« La paix soit avec vous ! C’est Moi ! N’ayez point peur! Persévérez en ma dilection ! »

Quand la voix eut parlé, une odeur céleste embauma l’atmosphère.

Le roi, la reine et toute l’assistance épouvantés se jetèrent aux pieds de saint Rémi qui les rassura et leur déclara que c’est le propre de Dieu d’étonner au commencement de ses visites et de réjouir à la fin.

Puis, soudain illuminé par une vision d’avenir, la face rayonnante, l’œil en feu, Saint Rémi s’adressa directement à Clovis, chef du nouveau peuple de Dieu, et lui tint le langage de l’ancien Moïse à l’ancien peuple de Dieu :

« Apprenez mon fils que le royaume de France est prédestiné par Dieu à la défense de l’Eglise Romaine, qui est la seule véritable Eglise du Christ.

 

Ce royaume sera un jour grand entre tous les royaumes.

 

Et il soumettra tous les autres peuples à son sceptre.

 

Il durera jusqu’à la fin des temps.

 

Il sera victorieux et prospère tant qu’il sera fidèle à la foi romaine.

 

Mais il sera durement châtié toutes les fois qu’il sera infidèle à sa vocation. »


 

Testament de Saint Rémi

« Que le présent testament que j'ai écrit pour être gardé respectueusement intact par mes successeurs les Évêques de Reims, mes Frères, soit aussi défendu, protégé, partout, envers et contre tous, par mes très chers fils, les Rois de France, par moi consacrés au Seigneur, à leur baptême, par un don gratuit de Jésus-Christ et la grâce du Saint-Esprit.

Qu'en tout et toujours, il garde la perpétuité de sa force et l'inviolabilité de sa durée, mais, par égard seulement pour cette race royale, qu'avec tous mes frères et co-évêques de la Germanie, de la Gaule et de la Neustrie, j'ai choisi délibérément pour régner jusqu'à la fin des temps, au sommet de la majesté royale pour l'honneur de la Sainte Eglise et la défense des humbles.

Par égard pour cette race que j'ai baptisée, que j'ai reçue dans mes bras, ruisselante des eaux du baptême ; cette race que j'ai marquée des sept dons du Saint-Esprit, que j'ai ointe de l'onction des Rois, par le Saint-Chrême du même Saint-Esprit, j'ai ordonné ce qui suit :

Si, un jour, cette race royale que j'ai tant de fois consacrée au Seigneur, rendant le mal pour le bien, lui devenait hostile, envahissait ses églises, les détruisait, les dévastait ; que le coupable soit averti une première fois par tous les évêques réunis du diocèse de Reims ; une deuxième fois par les Eglises réunies de Reims et de Trêves ; une troisième fois par un Tribunal de trois ou quatre Archevêques des Gaules.

 

Si à la septième monition il persiste dans son crime, trêve à l'indulgence !

 

Place à la menace !

S'il est rebelle à tout, qu'il soit séparé du Corps de l'Eglise par les formules inspirée aux Évêques par l'Esprit-Saint ; parce qu'il a persécuté l'indigent, le pauvre au cœur contrit ; parce qu'il ne s'est point souvenu de la miséricorde; parce qu'il a aimé la malédiction, elle lui arrivera et, parce qu'il n'a point voulu de la bénédiction, elle s'éloignera.

Et tout ce que l'Eglise a l'habitude de chanter de Judas le traître et des mauvais évêques, que toutes les Eglises le chantent de ce roi infidèle.

Parce que le Seigneur a dit :

 

"Tout ce que vous avez fait au plus petit des miens. C'est à moi que vous l'avez fait, et tout ce que vous ne leur avez pas fait, c'est à moi que vous ne l'avez pas fait."

Qu'à la malédiction finale on remplace seulement, comme il convient à la personne, le mot épiscopat par le mot royauté ; que ses jours soient abrégés et qu'un autre reçoive sa royauté.

Si les archevêques de Reims, mes successeurs, négligent ce devoir que je leur prescris, qu'ils reçoivent pour eux la malédiction destinée au prince coupable : que leurs jours soient abrégés et qu'un autre occupe leur siège.

Si Notre Seigneur Jésus-Christ daigne écouter les prières que je répands tous les jours en sa présence, spécialement pour la persévérance de cette race royale, suivant mes recommandations, dans le bon gouvernement de son royaume et le respect de la hiérarchie de la Sainte Eglise de Dieu.

Qu'aux bénédictions de l'Esprit-Saint, déjà répandues sur la tête royale, s'ajoute la plénitude des bénédictions divines !

Que de cette race sortent des Rois et des Empereurs qui, confirmés dans la vérité et la justice pour le présent et pour l'avenir suivant la volonté du Seigneur pour l'extension de Sa Sainte Eglise, puissent régner et augmenter tous les jours leur puissance et méritent ainsi de s'asseoir sur le Trône de David dans la céleste Jérusalem, où ils régneront éternellement avec le Seigneur.

Ainsi soit-il. »

 


Ce testament signé du grand Évêque le fut également par six autres Évêques et d'autres Prêtres. Trois de ces Évêques sont réputés pour leur sainteté : saint Vedast, Évêque d'Arras, saint Médard, Évêque de Noyon, saint Loup, Évêque de Soissons.

 

Ils le signèrent sous la formule suivante :
«X.... Évêque.
«Celui que mon Père Remy a maudit, je le maudis, celui qu'il a béni, je le bénis.
«Et j'ai signé».


Le Cardinal Baronius, après onze siècles, de constata :

 

« Malgré les crimes de ses Rois, le Royaume de France n'a jamais passé sous une domination étrangère et le peuple Français n'a jamais été réduit à servir d'autres Peuples. »

 

C'est cela qui a été accordé par une promesse divine, aux prières de saint Remy, suivant la parole de David (Ps. 88) :

 

« Si Mes Fils abandonnent Ma loi ; s'ils ne marchent point dans la voie de Mes Jugements ; s'ils profanent Mes justices et ne gardent point Mes commandements, Je visiterai leurs iniquités avec la verge et leurs péchés avec le fouet ; mais Je n’éloignerai jamais de ce peuple Ma miséricorde».

En lisant le Testament de Saint Remy, ne croirait-on pas entendre Moïse sur le Nebo :

«Voici que je vous mets aujourd'hui devant les yeux la bénédiction et la malédiction.

La bénédiction, si vous obéissez aux Commandements du Seigneur votre Dieu, que je vous prescris aujourd'hui ; la malédiction, si vous n'obéissez point à ces mêmes commandements et vous retirez du chemin que je vous montre maintenant... (Deut. XI, 26-30).

A la suite de Clovis et plus tard, en 589, en Espagne, Récarède, Roi des Wisigoths, abjura l’arianisme sous l’influence de saint Léandre, archevêque de Tolède.



Sources :

 

« Rémi de Reims », Marie Céline Isaia Paris, Editions du Cerf, 2010

« Les plus grands saints. Leur vie et leur portrait. » France Loisirs. Paris 1994 (ouvrage paru sous le titre original One Hundred Saints, Little Brown and Company (Inc.), Boston, 1993)

« La Légende dorée », Jacques de Voragine, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2004, publication sous la direction d'Alain Boureau.

« Petite Vie de saint Rémi », Patrick Demouy, Paris, Desclée de Brouwer, 1997

 

« Documents sur le règne de Clovis », traduction de Nathalie Desgrugilliers, éditions Paleo, coll. encyclopédie médiévale. Contient les lettres de Saint Rémi, les diplômes de Clovis, les actes de conciles...

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