Le père Lamy

 

Jean Edouard Lamy est né le 23 juin 1853 et il est mort en 1931, en France.

 

Il racontait abondamment avec entrain et simplicité l’extraordinaire destin qui fut le sien, ponctué de visions et de révélations extraordinaires.

 

Il a été baptisé le lendemain de sa naissance. Son père, Jean Frédéric cultivait sa terre et il était aussi maçon.

 

Enfant, il aimait chanter « comme un rossignol » des cantiques, il était très joyeux. Il a été enfant de cœur.

 

Sa sœur et lui travaillaient dur dans la journée. Sa sœur témoigna qu’il passait malgré tout ses nuits en prière, agenouillé sur un escabeau, sans appui, devant la statue de la Sainte Vierge Immaculée. Sa mère, Marie, se levait parfois pour lui dire « Mais ! Mon enfant ! La Sainte Vierge n’en demande pas tant que ça ! »

 

En 1863, alors qu’il gardait ses vaches dans un petit bois, sur les hauteurs de Pailly, la Sainte Vierge lui apparut.

Il n’avait que dix ans et se dit que c’est un mirage, il fit semblant de ne rien voir et continua ses litanies.

 

Il se dit « Si ça plait à la bonne Dame d’être là-haut avec les peupliers ! ».

Puis il s’assit, récita son chapelet et s’endormit. Quand il se réveilla, il vit ses vaches toutes autour de lui, et se dit que c’était la Sainte Vierge qui les lui avait gardées.

 

Plus tard il dit au Curé « Ah ! Monsieur le Curé ! J’ai vu une drôle de chose. J’ai vu en haut des peupliers une personne, je pense bien que c’était la Sainte Vierge ».

 

Le Curé lui demanda « Qu’est-ce qu’Elle ferait bien avec toi ? », puis il le sermonna.

 

Plus tard, la Sainte Vierge lui rappellera « Vous m’avez vue au pré-Jacquot », puis « Il avait une voix fraîche, que J’aimais entendre ».

 

Il décida de sa vocation le jour de sa première communion à 11 ans. Ses parents lui avaient préparé de l’argent de côté et un trousseau pour le séminaire.

Mais en 1869, quelqu’un mit le feu à une maison, et la maison du petit Lamy fut complètement détruite et sa famille ruinée. Son père qui était maçon reconstruit la maison, et sa mère troqua des meubles dans les ventes.

 

Edouard Lamy fit son service militaire en 1875. Il fut nommé caporal en 1876 et sergent en 1878, année de sa démobilisation. Une charge de poudre lui fit perdre la vue de l’œil droit.

 

Il priait beaucoup dans l’armée, souvent mort de fatigue, il s’assoupissait.

La Sainte Vierge lui dira à Gray en 1909 qu’elle venait souvent le voir au camp de Châlons en 1875. « Elle tournait les feuilles m’a-t-Elle dit, et mettait mes doigts sur la dernière page. Moi, bonasse, je croyais avoir dit l’office et je prenais alors mon repos. C’est ce qu’Elle voulait dans Sa bonté attentive. »

 

De retour chez lui il aida son père jusqu’à ses vingt-six ans. Puis il fit ses classes et devint prêtre. 

 

Les Oblats de Saint François de Sales lui confièrent une œuvre créée à Troyes en faveur des jeunes gens pauvres et délaissés, dont il s'occupa treize ans.

 Il a été vicaire à Troyes, à Guéret, à Saint Ouen et à la Courneuve.

 

Alors qu’il se trouvait à Gray, le père Lamy se recueillit à la chapelle. Il fut miraculeusement guérit d’un eczéma qui lui couvrait le corps de boutons, et lui soulevait la peau jusqu'à un point où le sang coulait partout sur ses vêtements.


Les visions

 

En septembre 1909, alors que le père Lamy faisait la messe, il vit la Sainte Vierge et à côté d’Elle, le démon. Elle illuminait de lumière, et en descendant de la voûte, sa lumière contaminait les calices, l’autel, les bougies… Le père Lamy était complètement retourné.

 

Pendant sa descente, Elle demande à Lucifer :

« C’est vous ? »

« J’ai la permission du Père »

« Soit. Vous savez comment on obéit au Père ? »

 Il n’a rien répondu. Le père Lamy était trop ému. Elle se leva et une couronne lui apparut sur la tête, Elle essayait de lui redonner courage « Continuez ! ».

Il se dit en sa tête « Si vous êtes la Sainte Vierge faites le moi savoir ». Elle lui répond « Je suis la Mère de Dieu ».

 

Le père Lamy ressentit comme un effondrement. Il s’inclina de la tête et Elle lui répondit de la même façon.

L’enfant de cœur demanda au père Lamy :

« C’est la Sainte Vierge Monsieur l’Abbé ? »

« Ne dis rien ! Tu la ferai partir ».

 

Elle fit toute la messe avec lui. Le père Lamy la décrit « Elle a des proportions parfaites, ses yeux sont très doux. Elle peut prendre toutes les couleurs d’yeux. (…) Les oreilles de la Sainte Vierge sont visibles. De même la naissance des cheveux au dessus du front. (…) Je n’ai jamais pu lui donner d’âge. La Vierge est très brune. Son extérieur est très simple. Elle penche rarement la tête et vous regarde bien en face, tout comme son divin Fils. Mais on sent qu’au-delà de vous, leur regard plonge dans le monde entier. »

 

« Après la messe, Elle a parlé de la guerre sur un ton très douloureux : « Elle sera lente à s'allumer, elle embrasera toute l'Europe, elle embrasera l'univers. Il y aura environ cinq millions de tués, mais – se tournant vers Lucifer – j'en sauverai beaucoup malgré vous. »

Le démon Lui disait : « Ils passeront par la trouée des Vosges ».

La Sainte Vierge : « Non, ils passeront par la Belgique ».

Satan a dit : « Ils sont aussi coupables d'un côté que de l'autre ».

Satan connaît très bien les culpabilités. La Très Sainte Vierge s'est tournée à moitié vers moi, et le fond de l'église a été rempli par un nuage blanc, qui s'est ouvert.

 

Le mur a disparu, et c'est là que j'ai vu une ville avec un immense fleuve. Je crois que c'est Belgrade. J'ai vu les tableaux de la guerre. J'ai eu une sensation curieuse : je me sentais bien dans l'église, mais j'étais aussi transporté loin de l'église ; je ne peux pas me rendre compte exactement de la chose.

Je me suis parfaitement rendu compte de la grâce que me faisait la Sainte Vierge, de me montrer ces pays. Elle m'a fait parcourir un pays immense. Je vous donne là des explications très incomplètes : je ne trouve pas de termes appropriés à ces choses.

J'ai vu des navires de guerre avec des cheminées énormes. J'ai vu les paysages ; mais, plus tard, je me suis donné un mal énorme pour les situer et cela n'a pas été possible pour tout. On voit des fleuves, des monts, la mer : comment les situer sur des cartes ?

Tout n'est pas fini. Il y a des scènes que je n'ai pas vu se dérouler. Le meilleur, maintenant, est de se taire pour moi. »

 

Le père Lamy recommanda alors sa paroisse à la Très Sainte Vierge, qui l'a protégée  effectivement d'une façon très particulière pendant la guerre, surtout le jour de l'explosion.

 

« Elle m'a regardé bien fixement : « Lui vivant, les Allemands ne passeront pas ici », (au Pailly). Après un petit silence, Elle ajouta : « Même après sa mort. C'est son berceau, c'est le village où il est né. Je deviendrai la Protectrice de ces contrées ».

Là ont cessé les tableaux de la guerre, et le bois est apparu. « Ils n'ont rien dans ces contrées ; ils n'ont rien » (pas de pèlerinage).

Lucifer lui a dit : « Vous vous appelez déjà Notre-Dame de Lourdes... vous vous appellerez Notre-Dame des Bois ».

 

Elle a tourné légèrement la tête. J'ai suivi la direction et Elle m'a montré la baraque. J'ai vu la baraque (le sanctuaire de Notre Dame des Bois), j'ai vu la statuette.

Elle l'aura peut-être choisie à cause de ses gestes. La Vierge, (c'est gauche et c'est mal fait !) étend son manteau pour nous protéger et l'Enfant bénit la terre, sur laquelle il n'y a plus de croix.

Tout à ce moment, Elle s'est reculée un peu de l'autel : c'était pour laisser passer l'enfant de cœur avec le livre. » 

(…)

 

La Sainte Vierge s’entretient avec lui « Ce qui m'a intéressé, c'est de voir naître et grandir l’Œuvre. Je serai une pierre de la fondation. Les monastères refleuriront, les couvents se repeupleront. Après ces dures calamités, les âmes seront nombreuses qui viendront s'y établir. »

 

« Elle causait avec moi (…) La Très Sainte Vierge m'a expliqué toute mon enfance. Elle m'a dit que, sans Elle, je me serais tué cent fois quand je faisais des cabrioles dans le poirier.

Le poirier se trouvait dans le jardin fruitier de mes parents, de l'autre côté de la route par rapport à leur maison, là où est la grange. Puis, qu'Elle m'avait sauvé la vie quand j'avais la fièvre typhoïde.

Ni le médecin, ni ma mère n'ont connu la maladie ; elle a été guérie en un jour par l'eau panée. Puis, Elle m'a parlé de l'incendie de notre maison. Elle m'a dit qui l'a allumé. Cela a réduit ma famille à la plus grande misère.

Mon trousseau était déjà en préparation pour que j'aille au Petit Séminaire – j'avais dix-neuf ans – et cela a fait que j'ai dû différer. Je n'ai pu qu'y aller après mon service.

Elle a dit : « Je le voulais prêtre. Vous le voyez : il est prêtre ».

 

 « Elle m'a parlé aussi de la Médaille Miraculeuse. Elle m'a entretenu d'une statue en plâtre selon la Médaille » qu'une personne m'avait donnée très anciennement.

Dans ma foi d'enfant, j'ai cru faire quelque chose de merveilleux en peignant cette statue, un vrai barbouillage.

 

J'avais peint la Vierge en blanc, son manteau en bleu, son voile en blanc. Par une idée bizarre, j'avais peint la ceinture en jaune. « Il a voulu me faire une ceinture jaune. C'était laid ! C'était bien laid ! » dit la Très Sainte Vierge en riant de tout son cœur, "mais J'ai accepté l'intention". J'avais huit ans, ou un peu moins. Cette statue a brûlé dans l'incendie.

 

La sainte Mère a dit : « Un moment, J'ai eu l'intention de sauver la statue, mais il n'en avait pas besoin ».

 

J'ai recherché la statue dans les débris de l'incendie, et j'en ai ramassé les morceaux dans mon chapeau. J'ai porté ces débris où est la maison neuve, et je les ai enterrés au pied d'un groseillier noir.

 

La Sainte Vierge a ajouté : « Il les a placés dans son chapeau. A ce moment, vous avez voulu le tuer ». 

Elle parlait à Satan, « en faisant tomber le reste de la cheminée, mais j'ai détourné le coup ».

 

En effet, la statue avait été posée sur le manteau de la cheminée, qui était assez grand, comme dans les vieilles maisons. Vous voyez combien la Sainte Vierge est autour de nous !

Elle veille sur nous, Elle nous protège, Elle nous défend !

 

Enfin, au service, j'étais si fatigué que je serais tombé malade si la Très Sainte Vierge n'avait veillé sur moi. Elle m'a encore parlé de Troyes, de Saint-Ouen. Elle a encore dit sur Le Pailly, mais je ne dirai rien sur Le Pailly. »

 

« Sur Sa poitrine m'est apparu un chapelet avec les Pater et les Ave, dont les grains ressemblaient à des perles blanches. Il était disposé en forme de cœur, mais se terminait par rien.

 

En dessous, comme s'il y avait une petite plaie ouverte à l'endroit du cœur, sortaient, à chaque instant, une flamme rouge et une flamme verte qui montaient et qui marquaient Sa respiration, et ce détail m'a profondément touché, m'a rendu bien reconnaissant. Le chapelet est le symbole de la Foi ; une flamme rouge c'était la Charité ; une flamme verte, c'était l'Espérance.

La flamme montait et s'éteignait, montait et s'éteignait. Je compris que la prière en union avec la Très Sainte Vierge avait un grand pouvoir sur le cœur de Dieu.

« Je n'ai qu'à demander, dit-Elle. J'entends la prière humble et confiante des petits ».

 

En me montrant ce chapelet sur Son cœur, la Très Sainte Vierge a voulu montrer combien Elle est attachée à la prière du chapelet. Nous nous unissons aux anges pour le réciter.

 

Nous le disons avec toute l'Église, avec les Saints. « Quand on médite sur la Passion, dit la Sainte Vierge, Je donne presque autant qu'aux Saints qui sont dans le ciel ! »

 

« Elle laisse voir quand une chose a Son agrément. Elle a souri devant sa toute petite statue (la Vierge miraculeuse de Gray)

(…) 

La Très Sainte Vierge dit : « Il voudrait bien que Je le guérisse, mais Je ne le guérirai pas. Ça le maintiendra dans l'humilité ».

Elle disait cela en voyant mes lunettes, que j'avais posées sur l'autel. J'avais déjà une bien mauvaise vue. »

 

 « La Très Sainte Vierge me dit aussi : « Pendant que Je suis sur la terre, demandez-moi tout ce que vous voudrez, Je vous l'accorderai. »

Lucifer « S'il vous demandait la science infuse ? »

 « Je peux la lui accorder, mais il ne la demande pas »

« S'il vous demandait les richesses, les honneurs ?

« Il ne les demande pas. »

« Le don des miracles. »

« Il ne le demande pas. »

Ils ont dit d'autres choses que je ne dis pas. Je me suis dit en moi-même : « Oh, peuh ! » en dédaignant les dons de ce monde ; puis : « Sainte Mère de Dieu, priez pour moi maintenant et à l'heure de la mort ».  

« Pourquoi mon Père n'avez-vous pas demandé les grâces utiles à la conversion de beaucoup d'âmes ? »  

C'est une grâce qu'Elle m'accordait (...). 

La science infuse aurait été celle de vaincre et de convaincre : je ne l'ai pas demandée. Sur les honneurs, les richesses, je pense pareillement. Je ne les ai pas demandés, non plus que la science infuse. C'était une sorte d'épreuve devant la Très Sainte Vierge.

Pourquoi Lui demander les richesses ? J'ai pesé autant que j'ai pu mes paroles : je savais bien qu'Elle ne me laisserait jamais manquer de pain.

Un enfant ne va pas dire à sa mère : « Maman, est-ce que j'aurai du pain ? Tu en mettras de côté pour moi pour dans huit jours ? » Non, il sait qu'elle en a et qu'elle lui en donnera. »

 « Une conversation très vive s'engagea entre Elle et Lucifer.

 

Elle me parla de ma mort, me promit son assistance, et dit au démon : « Maintenant que nous n'avons plus rien à faire ici, partons ».

Lucifer disparut le premier, et comme je La regardais avec beaucoup de respect et d'attention, j'ai dû cligner des yeux. Le clignotement fini, il n'y avait plus personne. La chapelle était devenue d'un sombre ! Ils étaient l'un et l'autre du côté de l'évangile. »

 

« L'interruption apportée à la messe a été longue. Je ne saurais préciser combien elle a duré. Elle a disparu, et son divin Fils est apparu ensuite à la consécration. Il m'a dit simplement : « Dans un an d'ici ». Il m'est réapparu, en effet, ainsi, un an après, jour pour jour. »

 

 « Que de sentiments m'assiègent quand je me retrouve devant cette chapelle ! Quand je redis la messe en cet endroit où j'ai été tellement favorisé !

A l'autel, tout me revient à la mémoire, comme si j'y étais encore.

Cela a été surprenant, effrayant, attirant et réconfortant tout à la fois. Oui, chacun de ces quatre qualificatifs me paraît approprié. Je me retournais pour lire l'oraison : je reste stupéfait... Oh ! Quels sentiments ! Surtout quand ils ont parlé... »

 

« J'étais aussi tout abasourdi par la révélation qu'Elle me faisait d'une guerre imminente. J'ai pris part à la peine qu'Elle exprimait.

Si on L'avait écoutée, la guerre ne serait pas arrivée. Elle demandait des pénitences, le retour à Dieu. »

 

« Je crois l'avoir dit à La Courneuve, l'avoir dit assez. Je le répétais tout le temps, tous les dimanches. Les gens disaient : « C'est un brave homme, mais il est toujours avec la guerre, et il faut faire ceci et faire cela ! C'est sa marotte ».

 

Ils disaient simplement que j'étais toqué. Ils se disaient : « Il l'a dit, il l'a dit encore, et tu verras, il le dira dimanche ».

 

Après la guerre, on m'a dit :

— Ah ! Si nous avions su !

— Mais je vous l'avais assez dit !

— Nous ne vous avons pas cru.

Elle demande la sainteté de la vie de famille. Elle demande qu'on cesse le désordre et qu'on rentre dans l'ordre, et puis tout est dit : Dieu n'en demande pas plus pour pardonner. »

 

 

 

A la Courneuve, « La Très Sainte Vierge est venue le 18 mai 1912 avec Saint Lucien (patron de l'église) et des saints que j'ai connus et quelques-uns d'entre eux avec lesquels j'avais habité, que j'avais connus de longues années. »

 

« Je faisais moi-même des nettoyages dans mon église, un tablier bleu autour des reins, nettoyant tout, astiquant les chandeliers »

 « Il était à peu près 5 heures du soir. J'étais parti porter mes comptes du trimestre à l'archevêché. J'étais en retard. (…)

L'église était très sale ; elle avait grandement besoin d'être balayée. Il y avait eu deux fêtes. Nous avions eu les premières communions le dimanche, messe d'actions de grâces et l'Ascension.

J'allai m'appuyer contre un petit harmonium, que j'ai vendu, pour dire un Ave Maria. Le saint Archange me dit : « Faites attention ! Vous allez prier devant la Vierge Marie ».

 

Je venais d'apercevoir de vieux journaux traînant par terre, et je m'étais mis à les ramasser. C'étaient des gamins qui les avaient laissés là, et je me disais : « Ils sont insupportables ! »

J'étais à quatre pattes pour ramasser ces papiers. La Très Sainte Vierge était là, au milieu des saints, et moi dans cette belle position.

 

Elle dit aux saints qui l'environnaient : « Tenez ! Regardez-le, le voilà, c'est lui ».

J'ai piqué un fard. Je ne savais où me mettre ; j'aurais voulu rentrer sous terre. J'ai enlevé ma barrette ; mais, pour le tablier (gesticulant), je tirais sur les cordons, et plus je tirais, plus je serrais.

 

Il y a une espèce d'attraction quand Elle est là. Je sentais bien que c'était pitoyable. « Tenez, le voilà tout rouge ! » a-t-Elle dit aux saints en voyant que je me démenais.

 

Je me suis dit, mais plus tard : « Le ciel n'est pas le pays de la bile ! » Elle saisit toutes les nuances. Elle a voulu me montrer qu'Elle n'était pas blessée de me voir avec un chiffon épouvantable. »

 

 

« La Sainte Vierge est une personne très ménagère (souriant) : Elle n'est pas lésineuse, mais Elle aime bien que les choses soient bien faites. Je l'ai bien vu quand Elle est venue à La Courneuve.

Les bonnes femmes, au lieu de mettre les vases comme elles devaient, elles ont bavardé. Je le craignais, les ayant vu bavarder, mais je ne m'étais pas approché d'elles pour éviter plus de bavardages.

Elles bavardaient, et le travail ne se faisait pas. A la fin, on vide l'eau d'un vase dans l'autre ; les vases n'étaient pas propres et l'eau était sale, et broup, broup, broup ! (imitant les gestes de personnes qui videraient hâtivement l'eau d'un vase dans l'autre en bâclant l'ouvrage).

 

Et il y avait de la cire et de la terre sur les gradins. Ce jour-là, je n'ai pas surveillé. »

« Quand Elle a été là, j'ai vu les vases, et j'ai vu clair dans le fond des vases comme si je les avais en mains. Et j'ai vu la terre sur les gradins. Ça m'a été montré par Son regard. Elle ne se plaint pas, mais Elle montre du regard ce qu'Elle regarde.

Ce n'était pas digne d'Elle. Quand Elle a été partie, j'ai tout lavé ; mais il était bien temps ! Je pestais contre moi-même, et je me disais : « Imbécile ! Que n'as-tu surveillé ? »

 

Elle est bonne, très bonne, mais Elle aime bien que ce qu'on fait soit fait. Elle reprend bien maternellement, mais Elle a montré.

 

 

 « J'ai voulu enlever mon tablier, mais j'ai tâché en vain de délier les cordons : ça a été ma grande préoccupation devant la Très Sainte Vierge. Je n'ai pas entré dans la chapelle, je suis resté à genoux contre la grille, avec les mains toujours occupées. Je tâchais d'enlever.

Je ne me suis pas attardé. Cependant, j'ai causé avec la Très Sainte Vierge. Ce qu'Elle disait m'intéressait.

Ce que je lui ai dit L'intéressait peut-être, ou Elle a eu la bonté de faire tout comme. Quand on cause à une personne, on s'intéresse plus à ce qu'on dit qu'à ce qu'on fait. »

 

« Elle était d'abord entre le tabernacle et Son effigie. Son cortège faisait autour de la Très Sainte Vierge un demi-cercle. Saint Lucien (patron de La Courneuve) était immédiatement à sa gauche, devant le carton figurant le Cœur Immaculé de Marie. Saint Lucien a le vêtement rouge des martyrs et du blanc ici (sur le haut du buste). (…)

 

« Il y avait bien au moins une soixantaine d'anges dans le reste de la chapelle. »

 

« La Très Sainte Vierge a dit aux saints : « Lorsque vous avez été jugés, Je vous ai fait donner tout ce qu'il (un personnage) pouvait avoir ou acquérir de mérites ».

Et les autres de répondre : « Nous en sommes bien reconnaissants ».

L'entretien roula sur des points tout à fait intimes, et, avant de se retirer, la Très Sainte Vierge dit : « Oui, Je lui donnerai beaucoup ».

Quant à la réponse des saints, je ne vous la dis pas. »

 

« La Très Sainte Vierge était en arrière du tabernacle, Sa figure allant jusqu'au front de la statue, à peu près. Il y a de la place en arrière du tabernacle. Quand Elle a voulu rentrer dans le chœur, Elle est passée devant (le tabernacle), a marché sur l'autel et est passée par le mur, et là, a disparu immédiatement.

Elle a retourné encore la tête pour me reparler en partant, au dernier moment. Elle marchait en l'air, à mi-hauteur du tabernacle. Elle marche toujours en l'air : je ne lui ai jamais vu toucher terre.

Elle lui dit :« Cette statue, dont vous parlez, mon Père, est-elle du XVIIIe siècle ? On le croirait. »

«  Non, cette statue était une maquette faite par un sculpteur nommé Edy pour la comtesse de Schramm, la femme du ministre de la Guerre de Napoléon III. C'était pour un petit pavillon de son jardin, devenu maintenant le poulailler du maire de La Courneuve. Cette statue avait dû être exécutée en marbre, mais elle ne l'avait pas été, la comtesse étant morte sur les entrefaites. Elle avait été donnée à l'église aux environs de 1870. »

« Sans regarder les objets, mais comme se parlant à Elle-même, devant le démon qui était dans le coin et qui l'observait, la Très Sainte Vierge a énuméré ce que la mère D. avait donné, avant de réclamer son âme.

Elle a parlé des candélabres du chœur où elle (la vieille paroissienne) avait mis encore quelque chose, ayant payé complètement la couronne de la statue et deux vases contenant des lis en bronze : « Elle m'a donné ça, puis encore ça », puis, gardant un petit instant le silence, et continuant à regarder devant Elle, Elle dit à Lucifer : « Vous me la donnerez celle-là (cette âme).

 

« Il le faut bien », dit Lucifer avec rage.

Elle avait regardé ces présents : c'était par bonté ! Elle a montré que ce qu'on Lui offrait était prêté à gros intérêt. Avoir le ciel pour si peu, vraiment ! Combien Sa bonté est grande ! »

 

En 1910, le père Lamy raconta avoir vu Notre-Seigneur : « A La Courneuve, voyant que mes efforts étaient absolument vains et que, plus je travaillais, moins j'obtenais de résultats, je m'en plaignais à Notre-Seigneur.

Tout était mal tourné de ce que je faisais. J'avais dans l'âme une douleur ! J'exprimai ma peine à Notre-Seigneur. En posant la Sainte Hostie contre sa poitrine, je lui disais : 

«C'est évidemment l'effet de mon indignité. Je vous demande, mon Dieu, de demander à votre Très Sainte Mère qu'Elle veuille bien vous dire ce que je vous dis. Vous êtes son Fils, et moi je suis aussi Son enfant. Vous ne sauriez résister à Sa prière». 

Je sentais à travers son manteau la rondeur de ses côtes. J'ai senti aussi une vive chaleur qui m'a réconforté.

 

Après la consécration, le diable était à la droite de l'autel ; il a dit sur un ton dédaigneux : 

« Quelle prière, Seigneur ! » 

A ce moment, l'autel fut comme embrasé, et Notre-Seigneur, la figure tournée vers le démon, lui répondit: «C'est le protégé de ma Mère».

C'est tout. Il y a des détails, mais je les omets. »

Le père Lamy explique le phénomène : « Vous vous voyez dans un seau d'eau : la matière, de même, n'a plus de résistance, qu'elle soit bois, qu'elle soit pierre.

C'est une chose bien difficile à faire comprendre. La matière ne cesse pas d'être pareille, mais elle se laisse pénétrer. Quand Notre-Seigneur passe derrière l'autel, le tabernacle disparaît, le regard s'arrête sur sa personne, mais jamais la matière ne gêne.

Mais je n'ai jamais vu disparaître le calice, ni la sainte hostie.»



« J'avais fait alors acheter par la Société Immobilière 3.000 mètres carrés environ de terrain à La Courneuve pour établir une nouvelle église, qui fût plus centrale que l'autre, laquelle se trouve tout à fait au bout du pays.

Je voulais l'appeler la Regina Cœli, mais il a surgi tant et tant de difficultés que je n'ai pu venir à bout de mes desseins. Ce terrain était planté de beaux arbres, et ces arbres donnaient des fruits en quantité.

 

J'en rapportais souvent une pleine brouettée, quelquefois deux. Je les donnais aux enfants du Patronage Saint-Joseph : j'avais là autant d'enfants que j'en voulais. Je les faisais passer devant moi un à un.

Quelques-uns me trichaient en échangeant leur chapeau ou leur casquette. J'avais établi un joli bosquet, où je voulais dresser une statue de la Sainte Vierge.

 

Je l'avais commandée au Val d'Osne, et le charretier l'avait apportée durant mon absence. (…) Mes jeunes gens avaient été cherché le socle. J'ai pris cette statue, qui est en fonte de fer, et je l'ai dressée contre le piédestal, dans le jardin. Je voulais voir la figure. Il faisait encore assez clair. J'ai déroulé le papier, dégagé la figure et les épaules ; je me suis reculé d'un pas, pour juger de l'effet.

 

Justement, le soleil couchant éclairait un peu. Je vois la Sainte Vierge devant la statue, entre la statue et moi, qui me regardait très maternellement, en souriant. C'est pourquoi, j'ai appelé cette statue la Vierge au Doux Sourire.

 

J'ai composé à cette occasion une prière que j'ai souvent récitée. Elle n'a rien dit ce jour-là. Je L'ai regardée : j'étais saisi. Elle s'est mise entre l'image, et moi. Cette statue m'avait plu, quoique grossière de visage, parce qu'elle donne une certaine idée, mais pas plus, de la Sainte Vierge, telle qu'Elle est comme ensemble : Elle n'est pas grosse, elle n'est pas en chair.

Et puis, Elle a une allure toute simple, toute dégagée, pas du tout maniérée, comme on La représente souvent, comme cette Immaculée-Conception de Gray, qui La figure les bras croisés sur la poitrine et la tête penchée. »

 

« Un pauvre prêtre avait coutume d'offrir des fleurs à la Très Sainte Vierge, mais avant de les Lui donner, il ne se permettait pas de les sentir.

Un jour qu'il lui apportait une belle rose, il en avait respiré le parfum inconsciemment. S'en étant rendu compte, il a jeté la rose.

La Sainte Vierge m'a dit : « Vous avez bien fait de faire cela. Cela m'a été agréable. »

 

La Très Sainte Vierge est tellement bonne ! Elle s'occupe des plus petits détails. Elle m'a appris à fondre les bougies. Je ramassais les débris dans mon église, et ne pouvais arriver à en faire des bougies sortables.

La Sainte Vierge m'a dit : « Il faut que ce soit seulement coulant ». Je les faisais trop liquides auparavant ; je faisais bouillir. Dès lors, j'ai fait des bougies aussi belles que les fabricants. C'est une vraie Mère ! »

 

 « C'était dans l'église de La Courneuve en 1913 ou 1914, pendant l'été, un dimanche avant les vêpres. Je La sentais présente pendant la récitation du chapelet, et j'avais l'impression qu'Elle se tenait à la place du prêtre (dans le chœur).

Les enfants, ce jour-là, avaient récité le rosaire avec un peu plus d'attention. Mais, par humilité, je n'ai pas osé La chercher du regard.

« Comment La sentez-vous, mon Père ? »

« Sa Présence se sent bien. Elle est pour l'âme comme le parfum est pour le corps : on ne s'y trompe pas. »

 

Dans une autre apparition, la Sainte Vierge, me parlant de cette visite à La Courneuve, Lucifer Lui a dit : « S'il avait regardé, qu'auriez-Vous fait ? »

Elle a répondu : « S'il avait levé les yeux, il m'aurait vue ». Elle a ajouté en riant : « Mes anges ont chanté au ciel un cantique sur l'air de celui que Je venais d'entendre ». C'était pourtant un pauvre cantique, avec de piètres paroles ! .

Au ciel, les anges ont répété l'air, mais point les mots. Du jour où Elle m'a eu dit cela, nous avons chanté ce cantique tous les dimanches à La Courneuve :

« Mère de la Sainte Espérance,

Ô Vous, dont le nom est si doux,

Sensible à notre confiance,

Reine des Cieux, priez pour nous. »

 

J'ai appris ce cantique dans mon enfance, mais ils ne le chantent plus au Pailly. »

 

Le père Lamy rentrant de Notre Dame des Bois

 

Notre Dame des Bois

 

En 1909, la Sainte Vierge lui montra l’endroit où elle voulait que l’on établisse son sanctuaire pour les pèlerinages. Elle avait choisie Elle-même la statue de ce sanctuaire, où son manteau couvre les âmes qui viennent à Elle et l’enfant Jésus tient un globe qu’il bénit.

Elle dit au père Lamy « Je deviendrais le réconfort des âmes ».

 

« Dans les premiers jours d'avril 1914, j'entendis les saints anges dire : « Il va bientôt porter la statue de notre Reine au bois. Il faut préparer une belle journée ».

 

« Quand il s'est agi de porter la statue où la Vierge la voulait, je l'ai enveloppée de papier de soie et d'un gros papier, et je l'ai fortement ficelée tout autour.

Le 20 avril, j'ai pris le train. Chez moi m'attendaient mon beau-frère et mon neveu.

 

Ils m'ont conduit à la maison. J'ai monté la Vierge sur mon lit. Après déjeuner, par un magnifique temps, ensoleillé et chaud, nous sommes partis en tricar. Je monte dans le petit fauteuil, avec la Vierge sur mes genoux. Je ne l'ai point quittée de la journée.

Nous arrêtons à l'église du Pailly.

A Violot, je dis à mon neveu de nous conduire au bois Guyotte, que je n'avais pas revu depuis quarante ans.

 

J'avais dix-huit ans ; nous avions acheté quelques stères, et j'avais aidé mon père à les prendre. Nous nous arrêtons. Je descends avec la Vierge ; je m'avance ; je vois la tranche et je commence à monter vers la maison du bois.

 

Je pose mon chapeau et ma canne au pied d'un chêne ; je prends mon couteau pour couper la ficelle et déficeler le paquet.

J'ai coupé, et, tout à coup, les ficelles se délient et se détortillent toutes seules (il indique du geste comme un tourbillon), le papier s'ouvre, la Vierge se montre toute dégagée.

 

Je prends la statue et remets tout cela à mon neveu, pour qu'il brûle papier et ficelles. La Vierge redevient lumineuse.

A ce moment, apparaît une procession de saints des villages avoisinants.

J'en connaissais beaucoup, et j'aurais pu dire les noms de plusieurs, que j'avais connus dans mon enfance, quand ils vivaient encore, mais non de tous.

Ils étaient à 3, 4 mètres de terre, les femmes et les veuves en noir, avec une coiffe noire, les vierges avec un costume blanc, en costumes de procession et gribiches blanches.

Père Lamy Notre Dame des Bois

 

Les enfants étaient en blanc et les garçons en brun comme les hommes. Pour les hommes, la robe descendait jusqu'aux pieds.

Tous avaient les pieds nus, hommes et femmes.

 

Ils étaient répartis en deux groupes, chacun d'un côté ; ils étaient peut-être une centaine. Les saints passaient à travers les branches sans que j'aie vu celles-ci remuer.

 

Ils avaient gardé l'âge et l'aspect qu'ils avaient au moment de leur mort, ou, plus justement, disons qu'ils me sont apparus chacun tel qu'à l'époque de sa mort.

Mon père était en brun, habillé un peu comme les Rédemptoristes, fermé au cou.

Ma mère avait été enterrée en bonnet blanc ; mais elle était en bonnet noir.

Mon grand-père, Pierre Lamy, avait épousé Anne Miot : elle était là aussi dans la procession des saints. Quant aux gloires, elles étaient de tailles très différentes, (…) et moi, je disais mon chapelet.» 

 

« C'est ainsi que se sont accomplies les paroles de la Sainte Vierge à Gray. Il n'y a peut-être pas d'endroit au monde où Elle donne avec tant d'abondance les grâces surnaturelles.

Jamais on ne revient de Notre-Dame sans grâces nouvelles. Ah ! Quel chemin on ferait si on ne mettait des obstacles à son influence ! »


 

La Guerre


Pendant la guerre, le père Lamy faisait beaucoup de confessions pour les soldats et les prêtres du front, parfois toute la journée.

L'explosion du stock de munitions de La Courneuve, qui eut lieu le 15 mars 1918, avait été annoncée au P. Lamy longtemps à l'avance.

 

Il n’y a pas eu de tué mais seulement des blessés « J'ai commencé à réciter les Litanies quand j'ai appris qu'il y aurait catastrophe à La Courneuve.

C'étaient les saints Anges qui avaient parlé de la catastrophe, non pas la Très Sainte Vierge.

 

Elle m'avait laissé entrevoir l'explosion et je L'avais conjurée de sauver les vies. Je Lui ai dit : « Sainte Mère de Dieu, sauvez les vies ! »

Et Elle n'a pas répondu, mais j'ai considéré la chose comme accordée dès ce moment-là.

 

Ces prières-là se récitaient depuis le début de la guerre, et jusqu'à l'explosion, avec un Souvenez-vous. Depuis, je les ai dites comme remerciement. »

 

« Je trouvais les carreaux de mon église très sales, et je voulais les nettoyer, mais j'ai entendu le saint archange Gabriel et mon ange, qui se parlaient entre eux et disaient : « C'est inutile ».

Alors, je ne l'ai pas fait. Très souvent, quand ils veulent me donner de bonnes leçons, ils se parlent ensemble et me laissent entendre leur conversation.

 

Peu d'heures après arrivait la catastrophe, et ces vitres volaient en éclats. Moi, qui restais toujours longtemps dans mon église, ce jour-là, j'ai été bien inspiré.

Cette inspiration m'est venue certainement des anges. Je ne suis resté à prier ni une heure, ni une demi-heure, ni même dix minutes : je suis parti à Paris pour acheter des souvenirs à l'usage des premiers communiants.

Peu après mon départ, tout sautait, la voûte se rompait et il tombait dans l'intérieur de l'église des tombereaux de tuiles. »

 

 «J'ai eu le cœur blessé à l'explosion. Je sentais une suffocation très grande.

En donnant les absolutions, je ne savais plus ce que je faisais. A l'usine Chabert, on avait transporté neuf cents blessés. C'était plein de sang.

Les médecins se relayaient, mais je ne pouvais pas me relayer tout seul ! On a fait des barrages.

 

Les papas, les mamans me disaient : « Où sont nos enfants ? Nos enfants ? » Je ne savais pas où étaient les enfants. Ils étaient à l'école, quand le plafond est tombé (…)

 

On avait les lèvres tout imprégnées du goût de ce nuage amer. Ce n'est guère que deux heures après l'explosion que le nuage, sous lequel on était et sous lequel on pouvait respirer, est descendu.

Mais, quand il a roulé à terre, on ne pouvait plus. Quelques jours après, la peau de la langue et des lèvres, celle même de la figure s'est décollée.

 

Elle s'enlevait par plaques. S'il n'y avait pas eu d'autres explosions après, je crois que je n'aurais pas passé la journée, et je n'étais pas le seul. »

 

« Il me restait un œil de bon, l'autre ayant été perdu au régiment.

Mon œil gauche a beaucoup baissé du fait des gaz toxiques répandus dans l'atmosphère. »

 

« Je ne suis rentré chez moi que le soir. Il n'y avait plus ni portes, ni fenêtres, et de celle qui donne dans la rue, les gonds étaient partis ; elle était tombée, mais n'avait pas de mal.

C'est moi qui l'ai rescellée. Toutes ces émotions !... »

 

Depuis lors et jusqu'à la mort du père Lamy, les apparitions se feront plus rares, si l'on excepte celles des saints Anges, dont il bénéficiait depuis son enfance.

 

«C'était au mois de septembre, pendant les vacances, un dimanche. L'année, je ne me la rappelle plus. J'étais au patronage.

Ayant la clef, j'ai pénétré dans la propriété. Je surveillais les fruits, qui me servaient à récompenser les enfants. Ils étaient toute une bande de voleurs.

Je m'étais couché dans l'herbe. (...) J'ai pris le râteau, qui était en haut. Je me lève, et je cours comme je savais encore courir, brandissant le bâton du râteau et criant : «Vauriens, attendez un peu !» 
Je levais mon râteau. Je ne pensais pas leur faire grand mal. 

«Vous allez voir !»

 

Quand je suis arrivé au mur de la rue, Notre-Seigneur était là, en Croix, ici, un peu plus loin, là où vous êtes maintenant. Les gamins interdits, et moi aussi. 

C'est là que Notre-Seigneur est apparu : il n'a pas voulu que je frappe. Ils étaient de la maison de la famille R., des rouges, tout ce qu'il y a de plus rouge.

Je les ai entendus qui criaient : «Le Jésus ! Le Jésus, qui est avec le curé ! » 

Plusieurs d'entre eux l'ont vu, sans doute. Et ils se sauvaient toujours.»

 

« Il était presque écartelé : les bras faisaient l’équerre avec le corps, les bras tout droits. Sur la tête, il avait comme un buisson d’épines.

Quelle atrocité ! (…) Pour la couronne, ils ont dû mettre plusieurs branches ensemble, les tordre et les enfoncer ensuite à coup de bâton. »

 

« Cette coiffure l’empêche de reposer la tête en arrière, contre le bois de la croix, ou de la pencher sur l’épaule ou de la pencher en avant.

Quand il meurt, sa tête se penche en avant. Ils ont tiré sur ses bras comme des animaux : ils étaient savants pour faire souffrir ! Il a les bras tendus, tendus, tendus ! »

Détail Crucifixion, retable d'Issenheim

Mathias Günewald (1510-1516)

 

« Notre Seigneur se montre à moi avec les mains et les pieds tuméfiés, et un morceau de chair qui retombe dessus. Les clous devaient être carrés, aussi longs que votre crayon.

 

Les têtes des clous étaient très larges et ont marqué une empreinte violette sur la main, ou plutôt sur le poignet. On voit parfaitement leur place.

L’intérieur du clou devait être creux, car cela forme une couronne à l’intérieur.

Les pieds sont bleuâtres, sanglants, et les mains aussi. Quelles souffrances !

Et les chrétiens recherchent tellement de jouissances ! »

 

« Beaucoup de prêtres, en offrant le saint sacrifice, ne se rendent pas assez compte de cette chose : on ne comprend pas combien la puissance dont on dispose est grande, que le sacrifice de Notre Seigneur sur la Croix est d’une valeur infinie. »

 

 

En 1923, ses infirmités croissantes l’obligèrent à quitter son ministère.

 

Il consacra ses dernières années au pèlerinage de Notre Dame des Bois, prés de Chalindrey, dans la Haute-Marne.

 

Il fonda la Congrégation des Serviteurs de Jésus et de Marie à un âge avancé.

 

La Sainte Vierge lui dit avant sa mort « Vos derniers jours sur la terre seront très pénibles, mais Je serais là. »

 

Il est mort de 1er Décembre 1931, chez son ami le Comte Paul Biver. Celui-ci devint son biographe, il publia un livre parsemé des propres paroles du brave père Lamy.

 

Prophéties

 

 

Le père Lamy disait :

 

« L’époque est peut-être la moins propice qui ait existé pour des révélations.

Je ne parle pas d'une fraction du peuple, des catholiques fervents : ceux-là justement n'ont pas besoin de révélations. »

 

 

« Ne vous arrêtez pas à l’extraordinaire. Si on vient vous dire : La Sainte Vierge apparaît ici où là ; il y a telle âme extraordinaire en tel endroit, n’y allez pas.

 

Si on dit : Il y a telle révélation, ne vous en occupez pas, ne vous en mettez pas en peine.


Le Seigneur vous dit : « Attachez-vous à la foi, à l’Église, à l’Évangile ».

Si vous allez voir et consulter ici et là l’extraordinaire, votre foi s’affaiblira.

 

Je vous dis cela de la part du Seigneur. Si vous vous attachez à l’Église et à l’Évangile, Il m’a dit qu’Il sera toujours avec vous et ne vous quittera jamais. »

 

«Le Saint Archange Gabriel m'a dit, en parlant de Lucifer : «Il joue son va-tout ; il croit la partie gagnée», en quoi il se trompe.

 

Satan joue son va-tout. Il faut prier avec espérance, malgré son tapage.

Je vous confie ces choses-là : ce sont des miettes.

 

On sentira encore davantage quelle est la délicatesse de bonté de la Très Sainte Vierge, Mater Amabilis, Mater Admirabilis ! On la pressent dans la Trés Sainte Vierge. Je lui dis souvent :

«Bonne Mère, ne quittez pas le sein du Père, mais écoutez nos prières.»

 

 

« La paix sera rendue au monde, mais je ne verrai pas cela et il se passera d’autres choses, dont je ne verrai pas personnellement la fin.

 

Quand la paix aura été établie dans le monde, que de choses seront changées !

La grosse industrie, c’est la guerre.

 

La fabrication des avions, l’exploitation des mines, le travail du fer, tout cela diminuera.

 

Il n’y aura plus de ces grandes usines où la moralité dégénère et disparaît. Les ouvriers seront bien obligés de se rejeter sur la terre.

 

Le travail de la terre reprendra une grande extension. La terre redeviendra très chère.

Quand la paix sera rendue au monde, l’industrie se ramènera à des proportions moindres et y restera.

 

Tout s’amoindrira. Ils vont devant l’inévitable ; ils y arriveront tout de même.

(…) J’ai eu l’exemple de 12 ares vendues pour 13 francs, une autre fois, 13 ares vendus 35 francs. Quand la paix sera rendue au monde, les terres acquerront plus de valeur qu’elles n’ont.

Que les vieux ouvriers s’entêtent à mourir dans les villes, cela arrivera. »

 

 

« Dieu voulait purifier la foi de son peuple en lui faisant faire un long séjour dans le désert.

Les Israélites sont restés toute une génération dans les sables.

 

J’ai souvent médité sur cette rude épreuve. De même, quand Dieu rendra la paix au monde, il faudra ré évangélisé, et cela sera l’œuvre de toute une génération. »

 

« Les Juifs, eux-mêmes, sont dans tous les pays, mais ne sont pas abandonnés.

Dieu n’abandonne jamais les siens. »

 

« Il y aura un grand effort à donner pour la conversion des hommes après la paix rendue à la terre.

Il y aura bien des difficultés.

 

Saint Paul n’en a-t-il pas rencontré ? L’état d’âme des premiers chrétiens reviendra, d’ailleurs, mais il y aura à nouveau une floraison magnifique des ordres et des congrégations. »

 

Le père Lamy parlait souvent des anglais « Parmi les anglicans, il y en a beaucoup qui sont moins coupables que nous.

Ils sont dévots à la Très Sainte Vierge, au Saint Sacrement.

 

Leur erreur, ce n’est pas à eux-mêmes qu’il faut l’imputer, mais à leurs aînés.

 

Même si le saint sacrement n’est pas là, ils le prient réellement.

De ces dévotions, il ne peut leur revenir que du bien.

 

La réconciliation avec Rome, aussi bien en Angleterre que dans leurs colonies et que dans les missions protestantes, ce serait un bien énorme.

 

Et pour les églises schismatiques, quel exemple ! Leur principal appui disparaîtrait. »

 

 

« Notre Seigneur m’a dit que la guerre avait eu trois causes : les blasphèmes, le travail du dimanche et la prostitution dans le mariage (se marier pour l'argent).

 

Un jeune homme et une jeune fille qui succombent, ce n’est rien à côté.

C’est un péché grave ; mais enfin, c’est dû à la faiblesse humaine. »


 

Le Christ

 

Le père Lamy donne une description de Notre Seigneur :

 

« Il montre ses mains quand Il parle ; Il fait des gestes, mais plus sobres que la Sainte Vierge. Je ne l’ai jamais vu sourire.

Enfant, Il est souriant, mais comme homme Il ne l’est plus.

Notre Seigneur parait plus froid, Il est presque triste. Il a la dignité de l’homme.

J’ai trouvé Notre Seigneur très digne.

 

Il inspire le respect, c’est vrai ; mais Il inspire aussi la confiance. Son regard est bleu, son regard très doux.

 

On sent que Notre Seigneur nous regarde, mais que son regard plonge aussi dans l’infini. (…)

 

Notre Seigneur paraît environ 35 ans. Notre Seigneur et la Très Sainte Vierge ont le nez tout droit. (…) Quand j’ai vu des orientaux, j’ai reconnu leur teint. »

 

« Notre Seigneur est roux, d’un beau roux, plutôt sombre.

Les cheveux assez longs, lui tombent assez bas sur les épaules ; ils tombent aussi par devant. (…)

 

Sa barbe est peu fournie mais belle, elle est plus blonde que les cheveux (…).

Les cheveux ne descendent pas sur le front. L’oreille de Notre Seigneur est bien visible.

Notre Seigneur a la figure très belle. La voix de Notre Seigneur est grave. (…) »



Cœur d'anges Benozzo Gozzoli (fresque)

 

Les prières

 

La Vierge Marie lui dit un jour :

« Ils veulent me faire travailler la matière : ils n'ont plus que cela ! »

 

«Elle est infiniment bonne, mais ne nous passe rien. Je ne L'ai jamais vu faire de compliments, mais plutôt des reproches maternels.

 

Qu'est-ce qu'Elle peut louer dans un homme ? Le démon est capable de faire des compliments : « Vous serez comme des dieux ! »

 

De pauvres dieux et de tristes dieux ! Elle semble dire : «Regardez ce que vous avez coûté à mon Fils ! Et pour quelles bêtises vous faites des péchés ! »

 

«Je n'ai plus la simplicité de demander comme autrefois tout ce que les gens me demandaient à la Saint Vierge. Je La prie d'accorder seulement ce qui leur sera utile.

 

Un jour, une femme, dont le visage était tout tordu, m'a sollicité de prier la Sainte Vierge de la guérir.

Je ne l'ai pas revue ; mais, quelques semaines plus tard, j'ai demandé à des gens de sa compagnie si elle n'avait pas été guérie.

 

Ils m'ont répondu que oui, mais qu'elle ne pensait plus qu'à aller à la danse. Et j'ai dit :

« Quand je redemanderai quelque chose à la Très Sainte Vierge, il fera chaud ! »

Elle n'avait désiré être guérie que pour plaire à ses danseurs. J'ai été bien attrapé ! »

 

«Quand on demande un miracle à la Très Sainte Vierge, et qu'Elle vous le refuse, Elle dit pourquoi : c'est que le vœu est en contradiction avec les décrets de Dieu.

 

Le Père donne des ordres, établit certaines règles, et tout le monde doit s'y conformer.

Maintenant, presque personne ne demande plus de faire la volonté de Dieu.

 

La plupart des prières, ce sont des ordres : «Mon Dieu, faites ceci, faites cela».

A propos de faveurs non obtenues, la Très Sainte Vierge me disait : «Vous êtes sur la terre pour faire la volonté de Dieu, et ma volonté est adéquate à celle de Dieu. »

 

«La Sainte Vierge a horreur du Purgatoire. C'est un triste lieu.

J'aime beaucoup prier pour les âmes du purgatoire. La Très Sainte Vierge trouvait que je ne demandais pas assez pour elles.

Elle disait : «J'étends», j'étends les grâces sur ces âmes, les grâces que je n'osais demander. Elle m'a parlé de l'indulgence sabbatine.»

 

La Sainte Vierge « Si Dieu, dans Sa colère, brisait le monde, Je lui en rapporterais les morceaux. »

Il est des choses qu'Elle déplore : Lucifer a obtenu du Père la disparition des monastères en France...

Elle a donné le motif en soupirant. Si Elle est bonne, il est rusé.»

 

Le démon, criant un jour après moi, qui avais fait ceci et cela, Elle a répondu : "C’est de la faiblesse humaine".


Elle aime qu’on La prie avec confiance et qu’on La laisse faire à sa manière. »

 

 

"La première tentation du Christ"

Psautier enluminé (1222) Copenhague Danemark


Lucifer

 

« La Très Sainte Vierge le domine, mais il est là. Nous sommes un grain de sable devant lui.

Dieu lui a laissé l’extraordinaire puissance d’un archange, en y mettant, cependant, quelques limites ; sinon il pulvériserait, dans le moment, le monde entier.

 

Vous ne pouvez pas vous figurer la puissance d’un archange, ni celle de la Sainte Vierge.

 

La nature de ces esprits, même déchus, est tellement remarquable ! Notre pensée leur est cachée, mais ils devinent si facilement ! »

 

« Lucifer est grand, avec une figure assez belle, amaigrie, barbue.

Il a les yeux féroces, fulgurants, les cheveux blonds, une barbe frisée assez courte. Il a la structure d’un homme très solide, de forte taille.

 

Il est vêtu de blanc, une sorte de péplum antique, qui descend jusqu’à mi-jambe. Constamment montent en serpentent le long de son corps et de son vêtement, à travers sa barbe, des pieds jusqu’au haut de sa tête, des flammes de deux sortes qui semblent s’y coller : les unes, les plus nombreuses, sont noires comme la poix qui brûle ; les autres sont des langues de feu ordinaire, (…)

 

Il souffre en silence et ne crie pas. Cela n’entrave pas ses mouvements. Je l’appelle le Grand Roussi. (…) Je juge ses souffrances terribles. »

 

«Quel mépris il a pour ceux qui succombent à ses tentations ! Je n'ai jamais vu se moquer comme Lucifer se moque. Il voyait des âmes pieuses ; il eut un sourire satanique et dit :

«Voilà la plus menteuse des trois» (montrant du doigt et avec mépris la mieux habillée).

 

Je fus extrêmement surpris de l'entendre dire ça. Si cette pauvre femme avait compris le mépris de Satan, elle eût fait un acte de contrition et serait sortie de l'église justifiée, corrigée.»

 

« Les jeux et les sports, tels qu’ils sont compris actuellement pour la plupart, sont un attaque directe de Satan, contre les offices du dimanche.

 

Il disait avec mépris : « Je suis le maître ici ! Je les pousse comme un troupeau ! »

 

«Il a la haine du prêtre, le représentant de Jésus Christ. Il dit : "Quand une âme a cessé de prier, je la considère comme mienne".

 

Lucifer me dit aussi : "Cessez de prier, et je cesserai de vous tourmenter".

Il peut dire ce qu'il veut, je m'en garderais bien. Je prierais rien que pour le faire enrager, si je n'avais pas l'amour de Dieu. La récitation du Saint Rosaire, c'est cela qui désole Lucifer. C'est l'ennemi déclaré du chapelet.»

 

«Avant que le Saint Archange me prévînt, je ne me rendais pas compte de ce que je faisais en insultant Lucifer, je ne voyais pas la disproportion qu'il y a entre l'homme et l'Ange. Il ne faut pas irriter même un Archange mauvais. Il faut avoir le respect de l'œuvre de Dieu... (Riant.) On va à l'école tous les jours ! Il était à la sacristie et il m'embêtait. Je lui dis : "Ah ! La sale bête !"

Saint Gabriel me dit : "N'oubliez pas que c'est un Archange ! Ne discutez pas. Respect à Lucifer : c'est l'Archange déchu".

 

« C'est comme un fils de famille très noble, déchu par ses vices. Il n'est pas respectable par lui-même, mais il faut respecter sa famille en lui. On respecte le chef-d'œuvre du Créateur, même détruit. C'est d'ailleurs, une meilleure méthode pour faire rentrer Satan en lui-même. Satan, comme un enfant, ramasse sur la route pierres et boue, tout ce qui lui tombe sous la main, pour nous le jeter ; mais, si on se met à lui répondre injure pour injure, c'est alors une vraie bataille de chiffonniers. Quand on respecte son caractère angélique, on le contriste bien davantage.»

 

«A Gray, Lucifer a dit : "Il n'est pas avare". 

La Très Sainte Vierge : "Non, il n'est pas avare".

Le démon était furieux, que je ne sois pas avare. Il aime prendre les prêtres sur l'avarice. »

 

Père Lamy balayant l'escalier de Notre Dame des Bois



Sources :

 

« Apôtre et mystiques, le père Lamy », Paul Biver, Edition Gabriel Enault, 1958 disponible sur livres-mystiques.com

« Le monde de demain vu par les Prophètes »,Albert Marty, Nouvelles Editions Latines

« Père Jean-Édouard Lamy - Écrits spirituels et pédagogiques », Éditions du Serviteur

« Jean Edouard Lamy, Curé de la Courneuve », Paulette Leblanc, Alex Diffusion, Reims

 

« Le Père Lamy fondateurs des serviteurs de Jésus et de Marie, prières et textes, no 110 », Saint-Benoît-du-Sault, Collections bénédictines, collection Prières, mai 2008.

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