Sainte Jeanne d’Arc


Sainte Jeanne d’Arc (Jehanne d'Arc ou la pucelle d’Orléans), est née à Domrémy dans les Vosges en 1412 et elle fut brûlée vive à 19 ans le 30 mai 1431 à Rouen.

 

Fille de Jacques et Isabelle d'Arc, elle faisait partie d'une famille de cinq enfants : Jeanne, Jacques, Catherine, Jean et Pierre.

 

Jeanne (ou « Jeannette », comme on l'appelait à Domrémy où elle grandit) fut décrite par tous les témoins comme très pieuse.

 

Elle aimait notamment se rendre en groupe, chaque dimanche, en pèlerinage à la chapelle de Bermont tenue par des ermites garde-chapelle, près de Greux, pour y prier.

 

Les témoignages de ses voisins lors de ses futurs procès rapportent qu'à cette époque, elle faisait les travaux de la maison (ménage, cuisine), du filage de la laine et du chanvre, aide aux moissons ou garde occasionnellement des animaux.

 

Elle entendit à l'âge de 13 ans, dans le jardin de son père, les voix de Saint Michel Archange, de Sainte Marguerite et de Sainte Catherine qui la préparent à la mission inouïe de délivrer la France.

Jeanne d'Arc entend les voix de

Saint Michel et Sainte Catherine

par Hermann Anton Stlike

 

Ses voix célestes qui lui donnèrent l’ordre d’aller en France pour bouter l’anglais hors du territoire, et faire sacrer Charles VII, Roi de France, dans la cathédrale de Reims.

 

Dès lors, elle s'isola et s'éloigna des jeunes du village qui n'hésitaient pas à se moquer de sa trop grande ferveur religieuse, allant jusqu'à rompre ses fiançailles.

 

Elle craignait le pillage et les massacres pour son village de Domrémy : les intrusions anglo-bourguignonnes menaçaient toute la Lorraine.

 

Ses expériences mystiques se multipliaient à mesure que les troubles dans la région augmentaient mais, effrayée, elle ne les révèla à son « oncle », Durand Laxart (en fait, un cousin qu'elle appelle oncle car plus âgé), qu'à l'âge de 16 ans.

 

Après beaucoup d'hésitations, son « oncle » l'emmèna (sans permission parentale) rencontrer Robert de Baudricourt à la forteresse voisine de Domrémy, sous prétexte d'aller aider une cousine germaine.

 

Demandant à s'enrôler dans les troupes du Dauphin pour répondre à une prophétie locale qui voulait qu'une pucelle des Marches de Lorraine sauvât la France, elle demanda audience à Robert de Baudricourt en vue d'obtenir de lui la lettre de crédit qui lui ouvrirait les portes de la Cour.

 

Le seigneur local la prit pour une affabulatrice ou une illuminée et conseilla Laxart de ramener sa nièce chez ses parents avec une bonne gifle.

 

L'année suivante, les Anglo-bourguignons attaquaient Domrémy ; avec sa famille, elle se réfugia à Neufchâteau.

 

Jeanne tenace revint s'installer à Vaucouleurs en 1429 pendant trois semaines. Elle logeait chez Henri et Catherine Le Royer, famille bourgeoise, et la population, avide en ces temps troublés de prophéties encourageantes, l'adopta et la soutint.


Jeanne d'Arc, huile sur parchemin

(entre 1450-1500)


Dotée d'un grand charisme, la jeune paysanne illettrée acquiert une certaine notoriété de guérisseuse lorsque le duc malade Charles II de Lorraine lui donna un sauf-conduit pour lui rendre visite à Nancy.

 

Elle lui promet de prier pour sa guérison en échange d'une escorte menée par René d'Anjou, le gendre du duc.

 

Elle finit par être prise au sérieux par Baudricourt après qu'elle lui ait annoncé par avance la journée des Harengs et l'arrivée concomitante de Bertrand de Poulengy, jeune seigneur proche de la maison d'Anjou et de Jean de Novellompont, dit de Metz.

 

Baudricourt lui donna une escorte de six hommes qui resteront fidèles à Jeanne tout au long de son aventure.

 

Avant son départ pour le royaume de France, Jeanne se recueilla dans l'ancienne église de Saint Nicolas de Port, dédiée au saint patron du duché de Lorraine.


Depuis Azincourt et le traité de Troyes (1420), "il y a grande pitié au Royaume de France" qui subit la guerre de 100 ans et une double monarchie au profit de l'Angleterre.

 

Portant des habits masculins et coupant ses cheveux au bol, ce qu'elle fera jusqu'à sa mort, excepté pour sa dernière fête de Pâques, elle traversa incognito les terres bourguignonnes et se rendit à Chinon.

 

Sainte Jeanne d’Arc y rencontra le futur Charles VII, qui consentit à la recevoir le 25 février, mais il la mit à l'épreuve en se cachant parmi un groupe des courtisans.

 

Guidée par ses voix, Jeanne comprit et se dirigea tout droit vers lui.

Elle lui annonça que sa mission était de "bouter les Anglais hors de France" et de le faire sacrer et couronner à Reims, comme Roi de France légitime.

 

Témoignages

 

A Chinon, le 11 mars 1429 :

« Aussi dès le lendemain le témoin se rendit auprès du roi à Chinon, et il y trouva cette Jeanne, qui s'entretenait avec le roi (…).

Le lendemain Jeanne vint à la messe du roi et, lorsqu'elle vit le roi, elle s'inclina ; puis le roi l'emmena dans une chambre, avec le témoin et le sire de La Trémouille, que le roi retint, en ordonnant aux autres de se retirer.

 

Alors Jeanne adressa plusieurs requêtes au roi, et entre autres pour qu'il donnât son royaume au Roi des cieux : après cette donation le Roi des cieux agirait comme il l'avait fait pour ses prédécesseurs, et le remettrait en son état antérieur ; il y eut aussi beaucoup d'autres choses, que le témoin ne se rappelle pas, mais dont on parla jusqu'au repas. »

 

(Déposition du Duc d'Alençon. Illustre et très puissant prince et seigneur, le seigneur Jean, duc d'Alençon, âgé d'environ cinquante ans, produit, reçu, juré et interrogé devant les seigneurs juges, 3 mai 1456)

 

« Respond qu'elle confesse qu'elle porta les nouvelles de par Dieu à son roy, que nostre Sire lui rendroit son royaume, le feroit couronner à Rains, et mectre hors ses adversaires. » Manuscrit de D'Urfé.

 

"A Saint-Benoît-sur-Loire, mardi 21 juin 1429, 16 heures. Jehanne dit à Charles :
« Sire, me promettez-vous de me donner ce que je vous demanderai ? »
Le Roi hésite, puis consent.
« Sire, donnez-moi votre royaume ».
Le Roi, stupéfait, hésite de nouveau ; mais, tenu par sa promesse et subjugué par l'ascendant surnaturel de la jeune fille :
« Jehanne, je vous donne mon royaume ».
Cela ne suffit pas : la Pucelle exige qu'un acte notarié en soit solennellement dressé et signé par les quatre secrétaires du Roi; après quoi, voyant celui-ci tout interdit et embarrassé de ce qu'il avait fait :
« Voici le plus pauvre chevalier de France : il n'a plus rien ».
Puis aussitôt après, s'adressant aux secrétaires :
« Écrivez : Jehanne donne le royaume à Jésus-Christ ».
Et bientôt après :
« Jésus rend le royaume à Charles »."
(Père Jean Dupuy, O.P. en 1429, Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, 1885, p. 652)


(Breviarium historiale, texte rédigé au cours de l'été 1429, consultable par sept manuscrits, quatre à la Bibliothèque nationale, deux Bibliothèque Vaticane et un à Genève)

 

Charles donna son accord pour envoyer Jeanne à Orléans assiégée par les Anglais, non pas à la tête d'une armée, mais avec un convoi de ravitaillement.

Ce sera à Jeanne de faire ses preuves. Les frères de Jeanne la rejoignent.

 

On l'équipe d'une armure et d'une bannière blanche frappée de la fleur de lys, elle y inscrivit "Jésus Maria", qui est aussi la devise des ordes mendiants.

Ses voix lui dirent de creuser derrière l'autel de l'église de Sainte Catherine de Fierbois pour trouver une épée marquée de 5 croix, que la tradition attribuait à Charles Martel.

 

En partance de Blois pour Orléans, Jeanne expulsa ou maria les prostituées de l'armée de secours et fit précéder ses troupes d'ecclésiastiques.

 

Elle fut accueillie avec enthousiasme par la population, mais les capitaines de guerre étaient réservés.

 

Avec sa foi, sa confiance et son enthousiasme, elle parvint à insuffler aux soldats français désespérés une énergie nouvelle et à contraindre les Anglais à lever le siège de la ville dans la nuit du 7 au 8 mai 1429.

"Entrée de Jeanne d'Arc à Orléans" 

Jacques Scherrer (1887)

 

Après le nettoyage de la vallée de la Loire grâce à la victoire de Patay (où Jeanne d'Arc ne prit pas part aux combats), le 18 juin 1429, remportée face aux Anglais, Jeanne se rendit à Loches et persuada le Dauphin d'aller à Reims se faire sacrer roi de France.

 

Pour arriver à Reims, l'équipée dut traverser des villes sous domination bourguignonne qui n'avaient pas de raison d'ouvrir leurs portes, et que personne n'avait les moyens de contraindre militairement.

 

Selon Dunois, le coup de bluff aux portes de Troyes entraîna la soumission de la ville mais aussi de Châlons en Champagne et Reims. Dès lors, la traversée était possible.

Couronnement du Roi Charles VII à Reims

 

Le 17 juillet 1429, dans la cathédrale de Reims, en la présence de Jeanne d'Arc, Charles VII fut sacré par l'archevêque Renault de Chartres.

Le duc de Bourgogne, en tant que pair du royaume, était absent, Jeanne lui envoya une lettre le jour même du sacre pour lui demander la paix.

 

L'effet politique et psychologique de ce sacre fut majeur.

 

Reims étant au cœur du territoire contrôlé par les Bourguignons et hautement symbolique, il fut interprété par beaucoup à l'époque comme le résultat d'une volonté divine.

 

Il légitima Charles VII qui était déshérité par le traité de Troyes et soupçonné d'être en réalité le fils illégitime du duc d'Orléans et d'Isabelle de Bavière.

 

Dans la foulée, Jeanne d'Arc tenta de convaincre le roi de reprendre Paris aux Bourguignons, mais il hésitait.

 

Jeanne mèna une attaque sur Paris, mais dut rapidement abandonner. Le Roi finit par interdire tout nouvel assaut : l'argent et les vivres manquaient et la discorde règnait au sein de son conseil.

Ce fut une retraite forcée vers la Loire, l'armée était dissoute.

 

Jeanne repartit néanmoins en campagne : désormais elle conduisait sa propre troupe et se considèrait comme une chef de guerre indépendant, elle ne représentait plus le roi.

 

Entraîneur d'hommes qu'elle galvanisait par son charisme et son courage (elle fut plusieurs fois blessée), elle disposait d'une maison militaire avec une écurie de coursiers, un écuyer et un héraut.

Ses troupes lutteront contre des capitaines locaux, mais sans beaucoup de succès.

 

Le 4 novembre 1429, « la Pucelle » et Charles d'Albret s'emparèrent de Saint Pierre le Moûtier. Le 23 novembre, ils firent un siège devant La Charité sur Loire pour en chasser Perrinet Gressart.

Pour Noël, Jeanne avait regagné Jargeau à la suite de l'échec du siège.

 

Jeanne fut alors conviée à rester dans le château de La Trémouille à Sully sur Loire. Quittant le roi sans prendre congé, elle s'échappera rapidement de sa prison dorée pour répondre à l'appel à l'aide de Compiègne, assiégée par les Bourguignons.

 

Finalement, elle fut capturée par les Bourguignons lors d'une sortie aux portes de Compiègne le 23 mai 1430.

Arrestation de Jeanne à Compiègne

 

Elle essaya de s'échapper par deux fois, mais échoua. Elle se blessera même sérieusement en sautant par une fenêtre au château de Beaurevoir.

Elle fut vendue aux Anglais par Jean de Luxembourg, Comte de Ligny, le 21 novembre 1430, pour dix mille livres.

 

Elle fut alors confiée à Pierre Cauchon, évêque de Beauvais et allié des Anglais.


Lors de son procès qui dura du 21 février au 23 mai 1431, elle fut accusée d'hérésie et interrogée sans ménagement à Rouen, dans un tribunal mené par Pierre Cauchon.

 

Elle était emprisonnée dans une tour du château de Philippe Auguste, dite plus tard « tour de la Pucelle ». Jugée par l'Église, elle resta néanmoins emprisonnée dans cette prison civile, au mépris du droit canon.

 

Si ses conditions d'emprisonnement étaient particulièrement difficiles, Jeanne n'a néanmoins pas été soumise à la question pour avouer, c'est-à-dire à la torture.

 

Or à l'époque, la torture était une étape nécessaire à un « bon procès ».

Cette surprenante absence de torture a servi d'argument pour une origine « noble » de Jeanne d'Arc. Les bourreaux n'auraient pas osé porter la main sur elle.

 

Le procès débuta le 21 février 1431. Environ cent vingt personnes y participèrent, dont vingt-deux chanoines, soixante docteurs, dix abbés normands, dix délégués de l'université de Paris.

Leurs membres furent sélectionnés avec soins. Lors du procès de réhabilitation, plusieurs témoignèrent de leur peur.

 

Ainsi, Richard de Grouchet déclara que «c'est sous la menace et en pleine terreur que nous dûmes prendre part au procès ; nous avions l'intention de déguerpir.»

 

Pour Jean Massieu : « il n'y avait personne au tribunal qui ne tremblât de peur. »

 

Pour Jean Lemaître « Je vois que si l'on agit pas selon la volonté des Anglais, c'est la mort qui menace. »

 

Une dizaine de personnes étaient actives lors du procès, mais, les enquêteurs, conduits par l'évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, ne parvinrent pas à établir un chef d'accusation valable : Jeanne semblait être une bonne chrétienne, convaincue de sa mission, différente des hérétiques qui pullulaient dans un climat de défiance vis-à-vis de l'Église en ces temps troublés.

Paroles de Jeanne d'Arc

"Le bonheur de mon étendard, je l’attribue à Notre Seigneur qui le lui a donné. J’avais une épée que j’avais prise à Vaucouleurs. Etant à Troyes, ou à Chinon, j’envoyai quérir une autre épée dans l’église Sainte-Catherine de Fierbois, derrière l’autel ; elle y fut trouvée aussitôt, toute rouillée. Les gens d’Eglise de Fierbois me la garnirent d’un fourreau de velours vermeil ; ceux de Tours m’en donnèrent un de drap noir, et j’en fis faire un troisième de cuir fort. De Lagny à Compiègne j’ai portée l’épée prise à un Bourguignon, parce que c’était une bonne épée de guerre, bonne à donner de bonnes buffes et de bons torchons.

J’aime mieux voir quarante fois plus ma bannière que mon épée. Je n’ai jamais tué personne.

Jamais je n’ai vu couler le sang français sans sentir mes cheveux se dresser sur ma tête."

 

Le tribunal lui reprocha par défaut de porter des habits d'homme, d'avoir quitté ses parents sans qu'ils lui aient donné congé, et surtout de s'en remettre systématiquement au jugement de Dieu plutôt qu'à celui de « l'Église militante », c'est-à-dire l'autorité ecclésiastique terrestre.

 

Les juges estimaient également que ses « voix », auxquelles elle se référait constamment, étaient en fait inspirées par le démon.

 

Soixante-dix chefs d'accusation furent finalement trouvés, le principal étant "Revelationum et apparitionum divinorum mendosa confictrix" (imaginant mensongèrement des révélations et apparitions divines).

 

L’université de Paris (Sorbonne), alors à la solde des Bourguignons, rendit son avis : Jeanne était coupable d'être schismatique, apostate, menteuse, devineresse, suspecte d'hérésie, errante en la foi, blasphématrice de Dieu et des saints.

Jeanne en appella au Pape, ce qui sera ignoré par les juges.

 

Jeanne d’Arc déclara à son procès, le 15 mars 1431 :

 

« Sur l'amour ou la haine que Dieu porte aux Anglais, je n'en sais rien, mais je suis convaincue qu'ils seront boutés hors de France, exceptés ceux qui mourront sur cette terre. »

 

Le 24 mai, au cimetière Saint-Ouen de Rouen, les juges mirent en scène une parodie de bûcher pour effrayer Jeanne et la presser de reconnaître ses fautes.

 

Jeanne sous la promesse orale (donc invérifiable) du tribunal de l'incarcérer dans une prison ecclésiastique, signa d'une croix (alors qu'elle savait écrire son nom) l'abjuration de ses erreurs, reconnaissant avoir menti à propos des voix et se soumit à l'autorité de l'Église.

 

Elle fut alors renvoyée dans sa prison aux mains des Anglais.

 

S'estimant trompée, elle se rétracta deux jours plus tard, endossa de nouveau des habits d'homme (dans des conditions obscures).


Déclarée « relapse » (retombée dans ses erreurs passées), le tribunal la condamna au bûcher et la livra au « bras séculier ».

 

Le 30 mai 1431, elle fut brûlée vive place du Vieux Marché à Rouen par le bourreau Geoffroy Thérage.


Elle rendit l'âme en criant trois fois « Jésus ».

 

Selon les témoignages, elle était voilée («embronchée»), dotée de la mitre d'infamie et placée à plus de trois mètres de hauteur.

 

Le cardinal de Winchester avait insisté pour qu'il ne reste rien de son corps.

Il désirait éviter tout culte posthume de la «pucelle».

 

 

"Jeanne au bûcher"

Chromolithographe fin XIXe


Il avait donc ordonné trois crémations successives. La première vit mourir Jeanne d'Arc par intoxication au monoxyde de carbone, la seconde laissa au centre du bûcher les organes calcinés, et de la troisième il ne resta que des cendres et des débris osseux qui furent ensuite dispersés par Geoffroy Thérage, le bourreau, dans la Seine (non pas à l'emplacement de l'actuel pont Jeanne d'Arc, mais du pont Mathilde, jadis situé près de l'emplacement de l'actuel pont Boieldieu) afin qu'on ne puisse pas en faire de reliques.

 

 

Entaché de nombreuses irrégularités, ce procès fut cassé par le pape Calixte III en 1456 ; un second procès, en réhabilitation, fut instruit, conclut à son innocence et l'élèva au rang de martyre.

 

Grâce à ces deux procès qui ont été conservées, elle est l'une des personnalités les mieux connues du Moyen Âge.

 

Jeanne d'Arc a été béatifiée le 18 avril 1909 et canonisée le 16 mai 1920.

 

Elle est l’une des trois saintes patronnes de la France.

 

C’est une personnalité mytique qui a inspiré une multitude d’œuvres littéraires, historiques, musicales, dramatiques et cinématographiques.

Jeanne d'Arc dans le film de Luc Besson


Mémoires du pape Pie II , traduites et citées par Quicherat :


« … Ainsi mourut Jeanne, l'admirable, la stupéfiante Vierge.

 

C'est elle qui releva le royaume des Français abattu et presque désespéré, elle qui infligea aux Anglais tant et de si grandes défaites.

 

À la tête des guerriers, elle garda au milieu des armées une pureté sans tache, sans que le moindre soupçon n’ait jamais effleuré sa vertu.

 

Était-ce œuvre divine ? Était-ce stratagème humain ? Il me serait difficile de l'affirmer.

 

Quelques-uns pensent, que durant les prospérités des Anglais, les grands de France étant divisés entre eux, sans vouloir accepter la conduite de l'un des leurs, l'un d'eux mieux avisé aura imaginé cet artifice, de produire une Vierge divinement envoyée, et à ce titre réclamant la conduite des affaires ; il n'est pas un homme qui n'accepte d'avoir Dieu pour chef ; c'est ainsi que la direction de la guerre et le commandement militaire ont été remis à la Pucelle.

 

Ce qui est de toute notoriété, c'est que, sous le commandement de la Pucelle, le siège d'Orléans a été levé ; c'est que par ses armes a été soumis tout le pays entre Bourges et Paris ; c'est que, par son conseil, les habitants de Reims sont revenus à l'obéissance et le couronnement s'est effectué parmi eux ; c'est que, par l'impétuosité de son attaque, Talbot a été mis en fuite et son armée taillée en pièces ; par son audace le feu a été mis à une porte de Paris ; par sa pénétration et son habileté les affaires des Français ont été solidement reconstituées.

 

Événements dignes de mémoire, encore que, dans la postérité, ils doivent exciter plus d'admiration qu'ils ne trouveront de créance. »

 

 

Jeanne d'Arc délivre Orléans


Prière à Jeanne d'Arc 

« O Bienheureuse Jeanne d'Arc, épouse du Christ et protectrice de la Patrie, soyez-nous par votre puissante intercession un mur inexpugnable.

Par les mérites et les prières de la Bienheureuse Jeanne d'Arc.

Seigneur, soyez-nous propice.

O Dieu, qui avez accompli tant de merveilles par le bras d'une humble Vierge, la Bienheureuse Jeanne d'Arc, daignez pour la gloire de votre servante, nous accorder la grâce que nous vous demandons par son intercession et par les mérites de Jésus-Christ Notre-Seigneur. 

Ainsi soit-il. »


Jeanne écoutant les voix

 

 

Prophéties

Jeanne d’Arc avait été annoncée : parmi les éléments qui ont contribué à forger cette légende, on compte plusieurs prophéties, dont les plus connues sont certainement celles attribuées au fameux conseiller mythique du Roi Arthur : Merlin.

 

Ces Prophéties de Merlin auraient été délivrées par l’Enchanteur à Vortigern, un des principaux souverains de Bretagne au Ve siècle (vers 425), lors de son exil au Pays de Galles.

 

Elles ont d’abord circulé sous forme orale avant d’être mises en vers en langue vernaculaire.

Vers 1135, Geoffroy de Monmouth, alors magister au Collège Saint-George d’Oxford, les traduit en latin.

 

Sa traduction circule d’abord de manière autonome avant d’être incorporée (vers 1138) à "Historia Regnum Brittannie" dont elle constitue le quatrième livre, ou les paragraphes 111 à 117 selon les éditions.

 

La Bibliothèque d’agglomération de Saint-Omer possède une édition ancienne de l’Historia regum Britanniae, contenant les prophéties.

Ce volume est paru chez Josse Bade à Paris en 1517.

 

Cette édition est reliée en un recueil factice avec une édition d’Orose imprimée à Paris chez Jean Petit en 1506. 

Ce texte connait une grande fortune tout au long du Moyen Âge, car on a beaucoup discuté sa valeur historique.

 

Ces prophéties servent en effet régulièrement à justifier telle ou telle action de l’histoire politique, et ce au moins jusqu’au XVe siècle puisque certains interprètes considèrent notamment que Jeanne d’Arc y est annoncée à deux reprises.

 

Le texte en latin : « Ad hec ex urbe vanuti nemoris eliminabitur puelle ut medele curam adhibeat : quae ut omnes artes inierit, solo anhelitu suo fontes nociuos siccabit. »

 

Ce que l’on peut traduire par : “Une jeune fille de la Ville-du-Bois-de-Canut sera envoyée sur place pour remédier à ce phénomène.

Initiée à toutes les connaissances c’est de son seul souffle qu’elle asséchera les sources nuisibles.”

(trad. C. Daniel).

 

Jeanne est donc associée à cette jeune fille venant de la ville du “Bois Chenu”, qui purifiera la France de l’envahisseur anglais, en vertu de ce qu’un bois près de la maison de son père était nommé ainsi.

 

Puis « Ascendet virgo dorsum sagitarii », soit :

"une vierge s’élèvera sur le dos des archers"

 

Là encore la vierge est assimilée à la Pucelle et les archers aux anglais.

 

Lors de son procès Jeanne témoigne sur cette prophétie la concernant, ses détracteurs pensant que cela appuyait les preuves de sorcellerie :

 

"Interrogée, ... dit qu'il y avait un bois qu'on voit de la maison de son père, et qu'on appelle le bois Chesnu ; elle a entendu dire que son frère, dans son pays, avait dit qu'elle avait pris son fait auprès de l'arbre des fées ; mais elle dit qu'il n'en est rien et elle déclare le contraire.

Quand elle vint en France, il y avait qui lui demandait s'il n'y avait pas, dans son pays, un bois qui s'apellait le bois Chesnu, parce que, d'aprés certaines prophéties, des environs de ce bois, devait venir une certaine pucelle qui ferait des merveilles.

Mais elle dit que, pour elle, elle n'y apportait aucune créance."

 

Donc, sans croire à ces prophéties, elle les connaissait, et s'en était même servie pour convaincre son oncle et le Royer afin de rencontrer le roi de France :

"Est-ce qu'il n'a pas été dit que la France serai perdue par une femme et ensuite, sauvée par une vierge des marches de Lorraine ?"

 


Jeanne savait que si elle reniait ses voix «elle se damnerait».


Pierre Paul Rubens

"Sainte Jeanne d'Arc" (1620)

 

«Si je disais que Dieu ne m’a pas envoyée, je me damnerais.

Vrai est que Dieu m’a envoyée.»

«Pour ce qui est de croire à mes révélations, je ne demande point conseil à évêque, curé ou autre.»

«Elle croit aussi fermement les dits et les faits de saint Michel, qui est apparu à elle, comme elle croit que Notre-Seigneur Jésus-Christ souffrit mort et passion pour nous.»

Elle proclama au nom de Dieu, l’irréductibilité du lien entre la France et le Christ :


« Vous ne tiendrez pas le Royaume de France, Dieu le Roi du Ciel le tiendra, (…) le Roi Charles, vrai héritier, car Dieu le Roi du Ciel le veut.

 

Gentil Dauphin, vous serez lieutenant du Roi des Cieux qui est Roi de France et vous serez sacré et couronné à Reims.

 

Tous ceux qui guerroient au Saint Royaume de France, Guerroient contre le Roi Jésus, Roi du Ciel et de tout le monde. »

« Le Roi de France est le lieutenant du Roi des Cieux. »

« Le royaume de France appartient à mon Seigneur, le Roi du Ciel. »

 

«D'abord, quand la Pucelle arriva auprès dudit roi, elle lui fit promettre de faire trois choses : la première, de se démettre de son royaume, d'y renoncer et de le rendre à Dieu de qui il le tenait.»

 

(Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc dite La pucelle, publiés pour la première fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque Royale, par Jules Quicherat, Tome IV, 1847, tiré de l'œuvre de Eberhard de Windecken publiée par Guido Goerres dans « Die Jungfrau von Orleans »)

 

Jeanne d'Arc a prédit entre autres choses, moins importantes, mais avec précision, des choses qui se sont réalisées :

Elle a annoncé à Robert de Baudricourt la "Journée des Harengs".

Elle a annoncé la mort prochaine d'un homme qui s'était rit d'elle.

Elle a désigné l'endroit où se trouvait cachée l'épée de Fierbois.

Elle a prédit sa blessure à Orléans, et qu'elle n'en mourrait pas.

Elle a prédit qu'elle serait trahie.

Elle a prédit sa fin, son supplice.

 

Parmi les prophéties qui lui sont attribuées, il y en a qui ne se sont pas réalisées :

L'entrée de Jeanne à Paris, sa rencontre avec le roi des Anglais, sa délivrance.

Soit que l'on ait mal compris, soit qu'elle n'ai pas vécu assez longtemps, ou bien qu'elle n'ai pas bien compris ce que ses voix lui annonçait.

 

"Mort de Jeanne d'Arc" par Lenepveu


Sainte Jeanne d’Arc dans sa lettre du mardi saint, 22 mars 1429, au Duc de Bedford, envahisseur anglais :

« Allez-vous en en vos pays, de par Dieu.

 

Et si ainsi ne le faites, attendez les nouvelles de la Pucelle qui vous ira voir brièvement à votre bien grand dommage.


Si vous lui faites raison, encore pourrez-vous venir en sa compagnie, l’an que les Français feront le plus beau fait qui oncques fut fait pour la chrétienté. »



Sources :

 

« Procès de condamnation de Jeanne d'Arc », 3 tomes, Pierre Tisset, Yvonne Lanhers, Librairie C. Klincksieck, (Société de l'histoire de France), 1960-1970-1971,

 

« Procès en nullité de la condamnation de Jeanne d’Arc », 5 tomes t. 5 : Étude juridique des procès, contribution à la biographie de Jeanne d'Arc, Pierre Duparc Genève, Librairie Droz, Librairie C. Klincksieck, 1977-1983-1986-1989.

 

« Jeanne d'Arc », Colette Beaune, Perrin, 2004

« Jeanne d'Arc. Vérités et légendes », Colette Beaune, Perrin, 2008

« Jeanne d'Arc. Histoire et dictionnaire », Philippe Contamine, Olivier Bouzy, Xavier Hélary, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2012

« Jeanne d'Arc », Régine Pernoudet Marie-Véronique Clin Fayard, 1986

 

"Le monde de demain vu par les prophètes d'aujourd'hui", Albert Marty, Nouvelles éditions latines, 1962.


 

On accuse souvent à tord le christianisme d'être à l'origine d'une détérioration de la condition féminine, pourtant l'exemple de Jeanne d'Arc est un exemple criant de place des femmes dans le monde chrétien :

 

La place des femmes dans le Christianisme

 

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